La Chine, tout le monde en parle, mais au final qui connait le Chine ? Pas grand monde et même ceux qui comme moi ont eu la chance de nous y rendre, nous ne connaissons rien de cet immense pays, de ces cultures, de ces peuples, de leurs langues, de leurs traditions. Car lorsque nous parlons de la Chine, nous pensons à un bloc uniforme. Mais cela reviendrait exactement à réduire l'Europe à une seule idéntité et à considérer tous les européens similaires, semblables. Non, nos diffèrences sont aussi leurs différences, tout aussi prononcées, si ce n'est plus encore. La Chine, ce sont de nombreuses ethnies, de nombreuses langues, de nombreuses traditions culinaires, une mosaïque en marche sous le grand drapeau rouge, mais chacune avec sa propre identité. Et puis, la Chine, oui, c'est peut être un peu tout ce que l'occident affirme, un pays autoritaire, une grande usine, le travail à outrance... Mais surtout la Chine c'est tout le reste, toute cette énergie, cet enthousisame, cette histoire milénaire et cette soif de vivre. N'oublions pas ce qu'on vécu les femmes, les hommes et les enfants au vingtième siècle et en comparaison, leur vie aujourd'hui est certes encore souvent difficile, mais tellement plus agréable, tellement plus « douce ». Pour ma part, ces expéditions et ces voyages en Chine auront changé ma vie, profondément. La Chine m'a boulversé, à la fois par l'émotion qu'elle m'a offerte mais aussi par les modifications profondes et durables de ma pensée, de ma conception du monde. J'y ai appris beaucoup d'humilité, de modestie, de reconnaissance. J'ai compris que le oui était plus fort que le non, que tout était (presque) possible, tout du moins tout était possible surtout tant que nous n'essayons pas de le réaliser. Et tout ceci est arrivé grace à Sébastien Lissarrague qui a transformé son rêve en réalité et qui nous a entraîné là-bas. Et qui par la même occasion, m'a aussi ouvert l'esprit sur d'autres compréhensions, qui a libéré ma pensée de certaines contraintes sclérosantes. Il y a eu un avant et un après, tellement différent. Le tourisme n'apporte rien ou pas grand chose, le voyage est un partage et un enrichissement mutuel. Et cette expérience en Chine aura été cela exactement, des rencontres, des émotions, du partage, de la tolérance, de l'enthousiasme. Je serais malhonnète si je ne parlais que des bonnes choses. Car très paradoxalement, ces expéditions en Chine auront été à la fois le début de « nouvelles vies » mais aussi la fin ou la mutation de périodes pour plusieurs d'entre nous. Ils auront provoqué des conflits entre nous, qui plongions et partagions depuis des années, des moments exceptionnels. J'en porte une immense responsabilité. Mais c'était peut être le prix à payer, très cher, pour trouver un équilibre durable, mon équilibre. Cette période correspond très exactement à une sorte de paroxysme dans un état de délabrement psychologique insoutenable. Au retour de la première expédition, j'ai arrêté brutalement mon ancien métier, sans aucune idée de ce que je ferai le lendemain, sans aucun filet, très exactement comme si j'avais sauté d'un avion sans parachute. Ont suivis des mois très difficiles, à la fois au niveau matériel que psychlogique. Mais peu à peu, de retour en Chine, libéré de mon fardeau professionnel qui m'anéantissait, je me suis « reconstruit » pour enfin trouver une autre voie, un nouvel équilibre. Et la Chine, aura été, non seulement une immense expérience souterraine, mais surtout par la prise de conscience d'une autre vison du monde, un souffle salvateur, une expérience principalement philosophique, spirituelle. La Chine m'a éveillé et elle continue chaque jour à influencer mon comportement, ma pensée et chacune de mes actions.