Grotte de la Poirelle
Grotte de la Poirelle
Expédition 2001
De la boue, jusqu'aux oreilles. En parallèle à l’exploration de la source de Cul Froid, nous nous activons parfois sur la grotte de la Poirelle. Plusieurs raisons nous poussent à descendre dans cette cavité. -Les bains de boue incontournables, sont bénéfiques pour la peau. Comme ça, au moins, nos femmes voient une bonne raison pour justifier nos divagations. -Cela nous permet d’améliorer nos techniques spéléo et Dieu sait si nous en avons besoin. -Et enfin, cette rivière souterraine qui se perd dans le massif communique comme vous le savez sans doute, avec la résurgence de Cul Froid. (Vous savez, le “ joyau de l’Indre ”. Donc un puits fort sympathique, avec de l’eau au fond, forcément, nous intrigue au plus haut point. S’ouvrirait -il sur le réseau noyé ? Serait-il la porte ouverte vers Cul Froid ? Allons voir ! Après avoir équipé en spits la “ tête ” de puits, nous redescendons le dimanche avec deux kits de matériel et un autre avec les deux blocs de plongée. Les quinze mètres de la faille d’entrée avalés, nous nous enfonçons dans la rivière souterraine et dans la vase. Avec le bi sur le dos, nous nous enfonçons encore plus et comme ça, une plus grande surface de peau bénéficie de la douce caresse des sédiments. Nous parvenons rapidement à la galerie d’accès. ( “ La route du paradis ”… !) Une escalade de sept mètres environ, sur une pente d’argile grasse et compacte, nous emmène dans une conduite horizontale puis faiblement déclive. Elle sert de vestiaire, nous y stockons le matériel et nous pouvons nous équiper à l’aise. ( Debout et au sec…) Nous fixons une corde et une première descente, de huit mètres environ, nous amène au niveau de l’eau. A priori, nous pouvons passer, les dix centimètres de visibilité permettent d’apercevoir la roche. La descente dans ce puits quasi vertical se fait sur un matelas d’argile grasse et collante. A chaque pas, un kilo de glaise reste collé à la semelle. A la remontée, les bloqueurs se remplissent d’une purée maronnasse immonde et pesante. Enfin, c’est parti. Le plongeur s’équipe. Descente expresse sur le toboggan de boue. Les blocs suivent par la même voie. Ils arrivent en bas dans un état ! Des paquets de boue, grosse comme des melons s’agglutinent sur les protections de robinetteries. Je les accroche tant bien que mal sur le harnais. A moitié dans l’eau, à moitié dans la vase, suspendu à la corde, j’essaie de ne pas trop souiller l’eau. Une fois prêt, je fixe le fil sur la corde, car ici point d’amarrages naturels. Je contemple, dépité, la surface. Ce qui ressemblait avant à une marre d’eau croupie s’est transformé en cul de basse-fosse nauséabonde… ! Je me laisse descendre doucement, sans surprise, la visibilité est nulle. Lecture des instruments impossible. J’aperçois le faible halo de mes lampes, vraiment faible. Mais bon, je me sens pas tout seul. Les deux parois se resserrent rapidement. Les bouteilles sont fixées en latéral, heureusement car je peux ainsi glisser plus facilement vers le bas. Les espoirs s’ammeunuisent très vite. Je m’enfonce dans un entonnoir. Je me tortille pour tenter de glisser encore un peu plus bas. Le bruit des bulles résonne violemment. Mes bras se déplient et mes mains tâtonnent aveuglément à la recherche d’un élargissement. ! Enfin, à bout d’arguments et de place, j’en conviens, le trajet se termine ici. Pour la profondeur, je verrai ça la haut, car pour l’instant je n’y vois pas mieux. De toute façon je n’ai pas dû faire un record…. Impossible de palmer, mes pieds sont pris dans la roche. J’ondule, je gigote, je me tracte, je remonte. Pas de passage par ici, pas pour nous en tous les cas. Si vous connaissez un plongeur sans os, capable de passer à travers une fente de boîte aux lettres, envoyez-le-moi. Je ressors tout d’un coup à l’air libre. Je regarde le profondimètre. Trois mètre vingt ! Allez, aux bouts des palmes, il devait bien y avoir, quatre mètres vingt…. Bah, c’est pas archinul, 4,2 mètre de première. C’est mieux que rien. Au moins, voilà un doute de levé et une nouvelle certitude ! ? Je me déséquipe à nouveau, je récupère la corde et je la passe dans les bloqueurs et j’entame le retour vers la galerie haute. Mouillé, je glisse dix fois plus, le bloqueur patine, l’argile m’engloutit. Mais après une bonne suée, je parviens enfin en haut. Nous ressortons après un bref rinçage dans la rivière souterraine. Nous achevons le ménage dans l’Anglin, rivière aérienne en contre bas de la grotte. Sous l’œil indifférent des vaches, nous jouons les mères Denis et pendant presque deux heures, la brosse arrache laborieusement les tonnes d’argile remontée du fond de la Poirelle. Nous reprenons la route et comme à chaque fois la tête pleine de souvenirs et d’images nous pensons déjà aux prochaines plongées sous la terre Berrichonne.
Expédition 2004
En ce mois de janvier nous sommes allé plonger le siphon terminal de la grotte de la Poirelle à Mérigny dans l'Indre. Cette perte est en relation, lointaine avec la résurgence de Cul Froid, ce qui justifie notre intérêt pour ce classique Trou de Chiotte. L'espoir de découvrir une suite est faible, mais je voulais, une fois pour toute, lever le doute sur l'éventuelle possibilité d'un passage par ce côté-ci. Avec tout de même un petit rêve de trouver à nouveau un réseau exondé après le siphon… Nous descendons, avec Michel dans la grotte, équipé de deux kits chacun, un avec une bouteille de quatre litres et un autre avec le matériel de plongée. Le niveau de l'eau est assez élevé et nous avons de la peine, même sur la pointe des pieds, à franchir la rivière sans boire la tasse. Ceci fait, nous nous enquillons dans le légendaire "boyau merdeux" que nous franchissons tant bien que mal avec le matériel. L'argile colle, nous sommes trempé, les sacs sont toujours trop gros et trop lourds dans ces cas-là. Mais bon, comme ce n'est pas très long, on y arrive quand même. Comme je suis déjà en combinaison, et que le matériel a été réduit à sa plus simple expression, je me mets assez vite dans l'eau, si l'on peut appeler cette chose ainsi. Disons que je m'immerge dans un liquide marron, épais et froid. Le passage se fait par une ouverture ovoïdale de la taille d'un kit, à peine plus… Je suis obligé de décrocher l'arrière des 4 litres, sinon ça ne passe pas. Et même comme ça, c'est juste. Position passage d'étroiture, un bras en haut un bras en bas, je me laisse glisser dans le tuyau de pierre. Après cinq minutes de contorsions, je parviens à en sortir, deux mètres plus bas. Une toute petite poche me permet à peine de m’allonger. Je tâtonne, complètement aveugle. Je cherche la suite avec les mains, avec le bout des palmes, mais les sédiments ont colmaté la galerie. Rien à faire, comme nous pouvions l’imaginer, c’est bouché, pour de bon. Je ressors un peu déçu mais bon, c’est la nature, nous ne pouvons rien faire d’autre. Par acquis de conscience, je me traîne avec mes deux blocs et mon équipement dans un petit lac. Il se situe tout de suite à droite de la sortie du boyau « merdeux ». Les eaux sont limpides, je pose les pieds dans la vase et un nuage se répand à travers le lac. Je n’ai pas de plomb, alors je fais un canard disgracieux pour m’enfoncer la tête la première dans la vase épaisse. Encore une fois, aveugle, mes mains prennent le relais de mes yeux. Là encore, tout est bouché, l’eau passe mais par des interstices impénétrables. Et bien voilà c’est terminé pour la Poirelle. Nous remballons tout le matériel et nous repassons par l’incontournable boyau merdeux. Je trouve le moyen de rester coincé la tête en bas et un kit bloqué et coincé aux pieds. Après une grosse colère il finit par venir. C’est dans ces moments « difficiles » qu’on se demande « Mais qu’est ce que je fous là ? Je serais bien mieux devant la télé… » Ce qui est totalement faux, bien évidemment. Nous sortons de la grotte, sous la pluie et à la nuit tombée. Nous avons l’heureuse surprise de découvrir que l’ensemble de notre équipement a changé de couleur. En effet, des « petits malins » ont repeint le puits d’entrée de la grotte de la Poirelle avec de l’encre rouge. Maintenant, la corde est devenu rose, c’est joli….