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L'exploration souterraine

Nous avons tous un là-bas, un endroit d'où nous venons, un endroit où nous aimerions aller, un endroit où nous avons laissé quelque chose, où nous avons vécu des moments forts et intenses. Un là-bas, où notre esprit reste un suspendu, alors que nous sommes ailleurs, parfois à des centaines ou des milliers de kilomètres de là. Notre là-bas, car nous sommes nombreux à partager le même, a fait de nous des explorateurs, de véritables et authentiques découvreurs de Terre Inconnue. Malheureusement ou fort heureusement peut être, nos noms, à de très rares exceptions ne figureront jamais dans les tablettes de la postérité humaine. L'obscurité nous protège sans doute des vices de la célébrité et nous œuvrons dans les ténèbres, loin, très loin des regards. Malgré cet anonymat presque total, nous sommes des centaines depuis de nombreuses années maintenant à parcourir le dédale souterrain, affamés des découvertes et d'inconnu. Aujourd'hui, lorsque nous parlons de ces endroits où l'humain ne s'est jamais aventuré, nous pensons, le plus souvent, à la conquête spatiale. Notre terre est devenue si petite, si peuplée et il est si facile de si déplacer d'un bout à l'autre qu'elle n'offre presque plus de surprise. Sans doute à des millions d'années lumières, d'autres formes de vie, d'autres civilisations se développement dans d'autres galaxies. Elles existent très certainement, loin de notre regard, mais elles existent, l'idée de notre exception est depuis bien longtemps fissurée de partout. Nous ne sommes pas plus ni moins que tout le reste du vivant. Et notre conception de notre unicité ne tient plus la route, sur terre et encore plus là-bas dans l'immensité incommensurable de l'espace. Il en va de même pour l'Infra Monde*, « personne » ne le voit mais lui, il est là, bien présent, sous nos pieds. Le monde souterrain, c'est à dire les vides creusés dans certaines roches par l'érosion, s'étend sur des centaines de milliers de kilomètres à travers le monde. Aujourd'hui, il est difficile d'estimer la part connue et inconnue mais nous ne pourrions connaître que dix pour cent. Ce qui ne se voit pas « n'existe » pas en quelque sorte et pourtant. Oui la Terre offre encore de belles découvertes, de vastes territoires inconnus et inexplorés. Donc, notre là-bas, se situe sous terre, à quelques dizaines ou centaines de mètres sous la surface. Et il est à peine connu, malgré les milliers de kilomètres déjà visités. Nous pouvons traverser la planète pour trouver des zones vierges de toute exploration, mais encore aujourd'hui, sous les villages, sous vos maisons, des galeries serpentent, elles s'enfoncent, elles passent sous votre salon, sous votre jardin et personne, absolument personne, ne connait encore leur existence. Là-bas, nous devenons donc, les découvreurs des continents invisibles. Et notre obsession envahit notre esprit, notre quotidien, elle façonne notre mode de vie. Où que nous soyons, avec qui que nous soyons, nous ne sommes jamais complétement avec vous. Il reste toujours une partie de notre conscience, de notre esprit dans la grotte, flottante dans l'obscurité en attendant notre retour. Nous essayons de faire bonne figure, nous participons aux conversations, aux réunions de famille ou de parents d'élèves, mais au fond, derrière l'apparente normalité, nous pensons à notre dernier voyage, à cette obscurité insondable devant laquelle nous avons fait demi tour. Souvent, notre regard se perd, nous partons là-bas et nous retrouvons cette extase dans laquelle nous plonge la contemplation des galeries souterraines. Bien évidemment, là-bas, ça n'est pas mieux qu'en haut, mais en haut, nous n'avons qu'une hâte, celle de retourner là-bas et une fois là-bas, nous savons pertinemment que notre place n'est pas ici et que nous serons aussi très heureux de retrouver le soleil et les plaisirs simples de nos vie humaines.

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