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Grotte de Sous Balme
Topographie
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Grotte de Sous Balme

Situation Cette cavité se situe à quelques kilomètres de Chézery Forenz, dans les gorges de la Valsorine. L’accès peut se faire par un sentier longeant la rivière ou à partir de la route située au-dessus de la grotte. Par ce chemin, il faut utiliser corde et baudrier pour franchir un ressaut en rappel. Le portage est sérieux, la plongée se mérite mais je ne sais pas la plongée mérite tant de portage... ? Le porche de la cavité se situe à mi chemin sur le flan de la pente entre la route et le lit de la rivière. Historique Les premiers traces écrites au sujet de cette grotte datent de 1900. Ensuite le SSS commence l’exploration en 1968. Les premières plongées remonteraient à 1977. Le GGK, le Glou Glou Klan, composée de Jean Vigny, André et Marie Rose Pahud, Jean Luc Mas explore le siphon jusqu’à moins 52 mètres. En 1985, Philippe Bigeard y a plongé jusqu’à –55/-60, à l’air et en humide. Il est ressorti en rembobinant son fil. Ensuite Olivier Rodel, un Suisse, a plongé le siphon, jusqu’à moins soixante-dix mètres, à l’air aussi. A priori il aurait franchit le laminoir en décapelant son bi dorsal. L'équipe Bulles Maniacs a repris l'exploration entre 2002 et 2008. Lors de la dernière pointe, pe deseigne s'est arrêté dans une galerie aval aspirante à 82 m de profondeur et à 110 mètres de l'entrée. Description L'entrée de la grotte donne accès à une galerie sèche en niveau de basses eaux. Il est nécessaire de descendre d'une vingtaine de mètres avant d'atteindre le départ du siphon. La galerie se rétrécit à un endroit et un ressaut de trois mètres surplombe la « plage »... ! La cavité est excessivement sensible et les niveaux d'eau peuvent varier à vue d’œil, tout aussi bien à la mise en charge qu'à la vidange. Il s'agit bien d'un regard sur un réseau souterrain plus important. D'ailleurs un écoulement permanent s'effectue par des griffons au niveau de la rivière. La galerie est assez étroite, elle descend lentement dans un premier temps pour s'ouvrir dans une salle noyée, avec de gros galets au sol. La roche blanche est polie par la violence des écoulements. Une petite galerie s'ouvre sur la droite en allant vers le fond. Une cheminée remonte jusqu'à devenir aérienne. La galerie descend ensuite assez rapidement pour s'ouvrir sur un puits dans la zone des 26 mètres. Il descend jusqu'à 56 mètres ou un passage étroit, encombré par un gros bloc donne accès à un laminoir en pente. La galerie est large de plusieurs mètres mais haute de quelques dizaine de centimètres. Elle débouche vers 67 mètres dans une galerie plus spacieuse. Elle descend ensuite jusqu'à -82 mètres de profondeur. A ce point la galerie se rétrécit un peu et le courant aval devient excessivement sensible. La suite, amont doit se situer moins profonde et de l'autre côté... ! L'eau est froide, 4°. Et la visibilité se dégrade assez vite pour devenir presque nulle après une ou deux plongées.

Exploration 2001

Cette grotte située dans les superbes gorges de la Valsorine attise notre intérêt depuis un certain temps. Mais le portage plutôt conséquent et surtout son hypersensibilité aux précipitations ont perturbé légérement nos diverses tentatives. Néanmoins, loin de nous décourager, ces difficultés bien au contraire apportent non seulement un trou « préservé », mais aussi un défit à relever. Après avoir dégotté cette grotte oubliée dans les tréfonds de la mémoire d’un vénérable ancêtre argileux, nous entreprenons une première tentative, légère. Deux plongées, nous permettent d’apprécier l’opulence du portage, l’état de délabrement avancé du câble dans le siphon, la beauté du site, les dimensions plutôt intimes de la galerie noyée et enfin la précarité de la visibilité. Nous revenons quelques mois plus tard pour admirer l’eau boueuse se déverser du haut des trente mètres de falaises. Pluies et crue immédiate nous relèguent au rang de touristes détrempés. Mais la cascade bruyante en jette plein les yeux et le spectacle de toute cette eau tombant de si haut nous coupe le souffle. Nous voici quitte pour un voyage et pour un week-end noyé. Après être resté figé à contempler la cause de notre déconvenue, nous redescendons dans le fond des gorges. Nous nous en retournons la queue entre les jambes (forcément) et le dos courbé sous le poids de nos charges futiles et inutiles mais aussi de nos désillusions. Nous nous vengeons sur une désobstruction sans suite au pieds d’une falaise d’où l’eau apparaît par enchantement. Il fallait bien s’occuper. Je passerais (partiellement) sous silence, les divagations mécaniques soi-disant tous terrains de l’un d’entre nous. Son 4 x 4 si mal chaussé nous a permis de vérifier la gentillesse de nos hôtes. Une fois enfoncé dans la boue jusqu’aux essieux, un tracteur agile et vaillant l’a sauvé de l’abandon et de la rouille. Et tout ça pour aller voir une source hypothétique. La troisième et dernière visite a été plus « fructueuse ». Elle nous a surtout rabaissé notre caquet de jeunes cons prétentieux et ambitieux. Nous aurions tant aimé utiliser nos gaz, nos mélanges ternaires et suroxygénés. Nous aurions aimé dépasser l’ancien terminus dans la zone des 55 mètres. Mais comme disaient nos « vieux », n’aurions-nous pas confondue vitesse et précipitation ? Pourtant tout avait si bien commencé… ! Comme d’habitude, après avoir chargé la voiture jusqu’à la gueule, nous quittons la région parisienne en début d’après-midi. Nous délaissons les nuages gris et nauséabond pour rallier au plus vite les verts pâturages du Jura. Les prévisions météo semblent favorables, ce ne sera pas la canicule mais pas de déluge annoncé, juste quelques averses… Les onze bouteilles ont été préparées avec amour. Les détendeurs ont été vidés des pâtés d’argile culfresque. Les phares sont chargés, le moral gonflé à bloc. « We are ready… ! » Nous nous retrouvons à la nuit tombée dans le gîte autour d’un bon feu. Une bonne nuit de repos et nous voilà debout pour conquérir non pas le monde mais les profondeurs inconnues du Jura. Au réveil, nous découvrons avec horreur qu’il a plu cette nuit. De grosses flaques s’étalent devant la maison. La crainte de voir nos projets engloutis se réveille. Par chance, un nouvel accès a été découvert en partie haute des gorges. Un peu plus sportif par endroits, il réduit le temps de portage par deux (voir par trois). Et nous voilà parti par la ronde infernale des aller et retours. Une quinzaine de charges réparties sur nos quatre dos courbés nous occupent pendant 2 heures environ. Nous équipons deux passages pentus et scabreux avec des cordes. Une descente sur les fesses avec une bi-bouteille sur le dos ne tente personne. Nous parvenons enfin à l’entrée de la grotte. Sa gueule béante toute verte s’ouvre en grand, prête à nous avaler. L’eau coule mais pas d’en haut. Ouf ! Pas de crue ou de débordement intempestif. Mais en revanche, en bas de la falaise, un écoulement sonore et virulent nous intrigue. Nous descendons dans la galerie et à notre grande satisfaction, nous découvrons l’eau 15 bons mètres au-dessus du niveau bas (de référence) ! Argh ! Oh rage, oh désespoir, oh pluie ennemie ! Nous restons le cul posé sur les cailloux, la mâchoire pendante, avec la mine défaite des abrutis surpris par une déconvenue notoire. Nous tentons de réagir et de relancer une tentative de réflexion quant à la marche à suivre. Tout laisser tomber et aller brûler les gaz au Bourget ? Forcer vaille que vaille le destin et attaquer couteau entre les dents ce siphon ? Aller se murger la gueule au bistrot pour oublier définitivement l’ampleur de notre déculottée ? Fruit de la sagesse ou de l’abrutissement prononcé, nous décidons de nous accrocher, en douceur. « Putain, petit, on va lui pourrir la gueule… ! » Nous décidons d’acheminer tout le matériel à l’entrée de la grotte. Au lieu des 2 plongées « profondes » prévues initialement, une seule sera réalisée le lendemain. En une heure, le niveau de l’eau a baissé de 50 cm environ. Demain, à peu de chose prêt, le niveau de l’eau sera redevenu presque normal. Nous effectuons 3 plongées. Une pour équiper le siphon avec un nouveau fil, une autre pour prolonger l’équipement et surtout pour enlever les lambeaux de câbles pourris, cassé à un endroit. À un autre, seul le plastique assure le lien précaire et en plusieurs points de frottements, le câble s’effiloche prêt à nous péter à la gueule ! Génial ! Et une troisième pour que l’un d’entre nous se fasse plaisir, qu'il apprenne et surtout ne soit pas qu’un âne porteur de charges. De plus nous venons de découvrir une nouvelle espèce, l’âne palmé… ! Nous laissons l’ensemble de nos charges (blocs, sacs, etc…) en haut de la grotte. Car comme ça, s’il pleut fort, nous pourrons les récupérer, même en cas de trop plein. De retour plus tôt que prévu au village, (merci pour le raccourcis), nous nous tapons l’apéro sur la terrasse du troquet municipal. Unanime sur deux points, nous concluons : « crevé mais heureux », nous savourons notre 1/2 pression. Le lendemain, réveil très tôt. Nous attaquons le premier voyage vers 9h30. C’est beau la motivation. Comme prévue la veille, l’eau se situe en bas de la grotte à peine 1,5 m au-dessus du niveau dit « normal ». Alors, nous descendons, plein d’optimisme, les kits et les blocs au fond. Trente mètres de dénivelé sur cinquante à soixante mètre de développement, c’est pas le Berger. Et le premier plongeur s’équipe. Les blocs relais, ceux de déco sont préparés. Le sol de la grotte, en bas, s’est transformé en bourbier. L’eau ruisselle encore, la baignoire finit de se vider. Enfin, vaille que vaille, c’est parti. Je tiens amoureusement le fil, car la visibilité est comme on dirait assez faible. Voir excessivement pourrie ! Nulle, on peut le dire ! Les ruissellements, nos piétinements, les plongées d’hier conduisent à ce résultat désolant. J’atteins les moins 9 mètres et je ne trouve pas un endroit décent pour poser le bloc déco et celui de sécu. Du moins je pourrais les poser, mais vu la déclivité du sol, je les retrouverai 10 mètres plus bas, à coup sûr. De plus, l’endroit est assez étroit. Et le fil, ce con (y a pas idée), ne passe pas dans la meilleure partie de la galerie. Tout faux. Je commence à piquer un coup de chaud et je me servirai bien du relais pour évacuer ma rogne et fracasser la roche qui ne m’a pourtant rien fait. Énervé au plus haut point, mais encore conscient de l’accumulation de facteurs défavorables, je rebrousse chemin. J’annonce craintif le résultat de mes gesticulations. Je garde mon casque des fois que les copains ne me balancent pas le reste des bouteilles sur la tronche. Mettez vous à leur place, descendre des 18 et des 20 litres, tout ça pour s’entendre dire par un abrutit, après juste 5 minutes de plongée, que tout compte fait ça ne sert à rien et qu’ils peuvent tout remonter ! Y a de quoi perdre son calme ! Mais bon, d’une part, ils doivent m’aimer un peu car ils ne l’ont pas fait. De plus, il manquait vraiment trop de chose pour passer « finger in the noose » !Alors sans état d’âme, nous nous sommes déballonnés. Mais nous sommes entrés à quatre et nous ressortons à quatre. Bon néanmoins, le quatrième bourricot a quand même plongé, juste histoire de se faire plaisir, ça compte quand même le plaisir…. Après une remontée express de tout le matériel, nous cassons quand même la croûte à la sortie de la grotte. Je saoule les copains pour réaliser quelques photos. Malgré les ronchonnements habituels, ils acceptent. Comme ça en plus, ils pourront frimer devant les copines. Nous effectuons quatre aller et retour sous la pluie, c’est mieux ! Tu as moins chaud. Nous trions toutes les affaires devant le gîte. Tout est mélangé, c’est bizarre. Toujours sous la pluie, comme ça en plus, le matériel sera en partie rincé. Après une bonne douche (y a intérêt si on veut rentrer à la maison), nous repartons sans histoire vers nos foyers respectifs. La morale de l’histoire : Qu’est ce qu’il pleut dans le Jura ! Et puis tais toi et portes ! Au-delà de l’échec de nos objectifs initiaux, nous ressortons pleins de joie de ce week-end. C’est déjà ça ! Ensuite, nous avons beaucoup appris et je l’espère, la prochaine fois, on s’organisera un peu mieux. Réfléchir avant d’agir. (C’est pas facile pour des bourrins comme nous…) Nous répartirons les tâches sur le temps, sur plusieurs jours (pour absorber les éventuelles déviances météo…). Nous nous sommes peut-être pris pour le club des biomen. Vous savez, ceux qui arrivent à spitter, filmer, photographier, topoter, tirer du fil et bander en même temps ! Avec un bi 3 litres bien évidemment. Et pour conclure, nous ne sommes que des jouvenceaux spéléo mal dégrossis. Mais punaise, la prochaine fois, on se la fait quand même !

Exploration 2003

Les zinzins des cîmes. Où les plongées hivernales à la grotte de Sous Balme,Appelée aussi grotte de la Parisienne ou de Brameboeuf. Nous voici de retour dans les magnifiques gorges de la Valsorine, dans l’Ain. La neige recouvre la région et c’est dans un décors grandiose et encaissé que nous allons tenter de prolonger l’exploration de la grotte de Sous Balme. Cette cavité se situe à quelques kilomètres de Chézery Forenz, à flan de montagne à mi-hauteur de la route et du lit de la rivière dans une vallée encaissée. L’accès n’en est pas aisé, surtout avec une épaisseur de neige de plus d’un mètre qui recouvre les pentes abruptes des gorges. Il faut compter une heure environ pour effectuer l’aller et retour entre la voiture laissée sur la route et la grotte. Heureusement nous allons nous équiper de raquettes, ce qui nous évitera de nous enfoncer jusqu’à la hanche à chaque pas. Cette résurgence « temporaire » ne fonctionne que quand ça lui chante. À l’étiage, il faut s’enfoncer à quarante mètres de profondeur sous terre, environ pour atteindre le siphon. Mais à la moindre goutte de pluie, elle se remplie très vite et l’eau déborde alors. Elle sort du porche d’entrée à 735 mètres d’altitude et elle se précipite en bas de la falaise pour rejoindre ensuite la Valsorine. Les premiers traces écrites au sujet de cette grotte datent de 1900. Ensuite le SSS commence l’exploration en 1968. Les premières plongées remonteraient à 1977. Le GGK, une secte étrange, le Glou Glou Klan, composée de Jean Vigny, André et Marie Rose Pahud, Jean Luc Mas explore le siphon jusqu’à moins 52 mètres. En 1985, Philippe Bigeard l’aurait plongé jusqu’à –55/-60, à l’air et en humide. À son habitude, il serait ressorti en rembobinant son fil. Ensuite Olivier Rodel, un Suisse, a plongé le siphon, jusqu’à moins soixante-dix mètres, à l’air aussi. Il reste une certaine incertitude quant au niveau de départ des plongées réalisées par le passé. Car le niveau de cette résurgence, hyper sensible, peut varier de plus de dix mètres en une nuit… Alors forcément, avec ça, les profondeurs ne sont pas les mêmes selon le niveau de départ… Nous guettons depuis plusieurs semaines la bonne fenêtre météo, le fameux étiage d’hiver. Et enfin, le voilà. Hélas, une partie des membres de notre équipe ne peut se libérer pour l’occasion. Le report décalé de la sortie pour causes d’intempéries en est la cause. Malgré tout, nous partons tout de même, à trois. Peu nombreux mais super motivé…. Quatre jours ne seront pas de trop pour explorer le siphon. Nous passons une partie du premier sur la route, coincé dans les bouchons des vacances d’hiver. Nous parviendrons tout de même à effectuer un premier voyage et à vérifier que la grotte est plongeable. Et à notre grande joie, elle l’est. Le niveau est extrêmement bas, tant mieux, la plongée n’en sera que moins profonde…. Le deuxième jour est consacré au portage. Quatorze bouteilles et dix kits à acheminer au bord de l’eau. Après un bref calcul, cela revient à sept voyages, soit à environ huit heures et des tonnes de fatigues. Nous préférons alors nous servir de la gravité et acheminer tout le matériel par les airs. Nous installons des cordes et en plusieurs étapes, nous descendons les charges à l’entrée de la grotte. Nous gagnons beaucoup de temps et nous épargnons nos petits corps d’une fatigue prématurée. Enfin, nous nous enfonçons sous terre et nous parvenons assez vite à l’eau, au bout des soixante mètres de développement de la galerie. Il est tard et la nuit commence à tomber. Malgré le « coup de pompe », je décide de plonger pour équiper la galerie d’une corde, jusqu’à – 40 mètres. Elle permettra de fixer les bouteilles où l’on veut et de sécuriser la progression. À la sortie, j’en profite pour déposer deux blocs d’oxygène à – 6 mètres. Nous ressortons à la nuit. Il nous faut remonter aux voitures à travers la forêt. Et c’est beau un spéléo avec son acéto dans les bois enneigés en pleine nuit. Le troisième jour, nous redescendons léger à la grotte. Serge et Michel plongent pour déposer des blocs de déco et de sécurité à moins dix-sept mètres et à moins trente. Tout est prêt pour la « grande » plongée. Je visse mes détendeurs sur les robinets. Un « Jet » se met en débit continu, il ne veut rien entendre. C’est dommage, il sort juste de révision… On ne peut pas dire que c’est par négligence et mauvais entretien du matériel… Bon, on en met un autre… Je m’équipe lentement. La mise à l’eau n’est pas très confortable, la voûte est basse et il faut endosser tout le bastringue à moitié allongé dans l’eau. La température de celle-ci est de six degrés. Les doigts « hurlent » déjà leur désapprobation. Je pars avec un bi vingt litres de Trimix, un quatre litre air pour gonfler le vêtement. J’emmène deux relais, un dix litres de Nitrox pour la première partie et un douze litres de Trimix pour atteindre la partie profonde de la grotte. Le terminus est sensé se situer à moins soixante-dix mètres, avec une galerie qui continue à descendre. Je me donne comme limite de profondeur quatre vingt-dix mètres et comme limite temps dix minutes fond. La première partie du siphon est une faille qui traverse deux salles un peu plus vastes. Dans la première salle, une galerie avale part sur la droite. La progression dans la faille est lente, à six mètres un rocher obstrue le passage, il faut se faufiler au-dessus. Ce n’est pas large, à peine plus, voir moins que celle des épaules et encore pas celles d’un déménageur « marseillais »… Plus loin, une galerie presque verticale remonte sur la droite. Elle est déjà équipée d’une corde par les précédents explorateurs. La seconde salle s’ouvre entre moins quinze et moins dix-huit mètres. Ensuite, je retrouve la faille et je m’enfonce doucement dans le réseau. Très vite la galerie « plonge » et je descends lentement entre ses parois si rapprochées. À moins trente mètres environ, la galerie change de direction et elle conduit à une sorte de puits. Je retrouve l’ancien fil, la couche d’argile qui le recouvre témoigne du temps qui passe. Je pose mon relais de nitrox et je passe sur le trimix. La corde posée hier se termine et je débloque le dévidoir préparé la veille. Je m’enfonce dans les profondeurs de la montagne. La galerie verticale s’élargit lentement. La roche est travaillée, c’est beau, je profite de ce spectacle magnifique. À cinquante-quatre mètres, je dépose mon relais sur un balcon rocheux. La visibilité se dégrade copieusement, comme si souvent, les bulles décrochent les particules. Aucun courant ne nettoiera le siphon, je me dépêche de descendre, à fin de devancer le brouillard. Je touche un fond à moins soixante mètres. Le fil a disparu, emporté par les crues sans doute. Je cherche la suite. Je garde les idées claires grâce à l’hélium. Je savoure le confort procuré par ce gaz « magique ». Je repense à quelques plongées à l’air, réalisées il y a « longtemps », dans cette zone de profondeur. Je me souviens aussi des narcoses carabinées. Quel confort, quelle tranquillité de se savoir à l’abri des délires psychédéliques des esprits des profondeurs… ! La touille n’est pas encore tombée. Je discerne deux galeries. Comme dans les bons films à suspense, je peux partir à droite ou à gauche. Je choisis la gauche, l’accès est plus large. Mais très vite, la galerie devient laminant. Elle est colmatée par un lit de galets agglomérés entre eux par l’argile. Le passage libre se réduit de plus en plus. Je ne passerais pas par ici, les vingt centimètres restants me condamnent au demi-tour. Je retrouve les nuages habituels. Je retourne dans le bas du puits et je tente la galerie de droite. Mais le passage n’est pas large. Deux rochers encombrent de part et d’autre l’accès. Je regarde par tout, mais je ne vois pas d’autre chemin. Je tente par tous les moyens d’entrer dans cette fichue galerie. Rien à faire, ça coince. Je me retourne et j’essaie les pieds en avant. Mais rien à faire, je suis trop « gros ». Je recommence une inspection des environs, mais je ne vois pas d’autres chemins. Je reviens à cette galerie de droite. Cette fois, je disparais dans le nuage d’argile. Mais avec les plongées à Cul Froid, ça fait bien longtemps que le manque de visibilité ne me dérange plus, quelle que soit la profondeur. Mais ce rétrécissement me met en pétard. Non de non, c’est trop bête ! La suite est là, je la touche avec mes mains, je la vois, je la sens mais, comment faire passer un camion dans un passage piéton… ? Après maintes tentatives, je renonce la mort dans l’âme. Le précédent plongeur, s’il est passé par ici, devait être « couillus ». Car des petits blocs ou un décapelage, je ne vois pas d’autres solutions. Et décapeler en « aveugle » à moins soixante mètres ne me tente pas du tout. Petit joueur ! Je remonte dans la touille complète, furieux de rebrousser chemin si tôt. Mais à l’inverse de mon prédécesseur qui est descendu à moins soixante-dix à l’air, je ne peux envisager de plonger si « bas » sans utiliser des mélanges ternaires ou encore moins avec des bouteilles de plus faibles capacités. Je réalise des relevés topographiques, mais la motivation n’y est pas. Je récupère mon premier relais. Je remonte lentement, avec des poses régulières. Je retrouve enfin les bouteilles de sécurité et de décompression. Je commence mes paliers. J’ouvre le robinet, je mets le Cyclon en bouche, mais l’air ne vient pas, ou si peu et l-mélangé avec de l’eau. Et soudain, ça y est c’est le débit continu. Pourtant je n’ai pas tiré dessus comme une brute. Je les ai tous vérifiés de nombreuses fois… ! Ce n’est pas grave. Je referme le bloc et je passe sur la bouteille de sécurité. Le détendeur fonctionne, les trois premières inspirations. Ensuite et sans prévenir, il m’explose à la « gueule ». J’ai l’impression de me prendre un directe du gauche en pleine face. Étrange et nouveau, du moins en plongée. Et à nouveau, le détendeur se met à fuser comme un fou. Tout va bien ! Je repasse sur mon relais Nitrox. Je ne suis pas inquiet, j’ai largement de quoi tenir. Mais j’espère que la série noire va s’arrêter là. Je laisse les détendeurs se calmer et après quelques minutes je refais une nouvelle tentative. Le bloc de déco ne veut rien entendre. Pour le relais, il s’est enfin calmé. Le détendeur daigne enfin me donner mon gaz… Tout rentre dans l’ordre. Bon, je rentre à la « maison ». Je récupère au fur et à mesure mes bouteilles. Je laisse une première grappe pour les copains, car avec tout ça je ne pourrais pas passer. Je me cale à six mètres et je commence mes paliers. Serge vient me rendre visite et je lui annonce les piètres résultats de cette plongée. L’avantage au moins c’est que je ne passerais pas trois « plombes » à grelotter de froid dans cette eau réfrigérante. Serge est de retour, il passe en dessous de moi et ses bulles m’enveloppent de toute part. Je me croirais presque dans un jacuzzi, la chaleur en moins… Les paliers sont finis et j’attrape deux blocs, pour les emporter. Une bouteille m’échappe et elle file vers le fond, quelques mètres plus bas. Je redescends pour la ramasser, mais je ne la trouve pas. Dépité par ce nouveau coup du sort, je laisse le travail de recherche pour Michel. Je me démène dans cette galerie étroite pour sortir avec mes cinq bouteilles. Soudain, une déflagration de bulles raisonne dans le siphon. Je respire sur mon relais, pas de problème. Le flot vient de derrière, un premier étage en débit continu ? Je regarde mes manomètres, mon bloc gauche est à zéro ? Je laisse le gaz s’échapper sans en connaître la raison. Sans aucune inquiétude, je franchis les dix mètres qui me séparent de la sortie. J’émerge enfin de cette fin de plongée quelque peu rocambolesque. Le vacarme de l’air s’interrompt après la fermeture de la bouteille. Après diagnostique, un tuyau de manomètre est cassé net juste au-dessus du filetage. Malgré la protection de robinetterie, le sertissage a cédé. J’ai dû forcer un peu en passant… ! Depuis le temps qu’on me dit que je suis une brute…Je ne voulais pas le croire, mais tout compte fait cela doit être vrai. Toutes les bouteilles sont sorties de l’eau. Nous rangeons le matériel, nous reviendrons demain pour tout remonter. Encore une fois nous ressortons à la nuit. Pour ne pas rentrer les mains vides, nous emportons quelques kits, ce sera toujours ça de moins à remonter. Quatrième et dernier jour. La fête est terminée, maintenant, nous devons ranger la salle de bal, passer le balais et laisser la place net. À quand les équipement de plongée jetables, les 20 litres biodégradables ? Les calculs sont vite fait, pas de portage titanesque. Nous allons jouer de la poulie et de la tyrolienne. Je ne suis pas absolument persuadé du gain de temps. Mais je dois l’avouer cette solution est la bonne. Cela va tout de même nous prendre la journée pour sortir toutes les charges de la grotte, les ramener au grand jour. Ensuite nous les remontons en trois étapes. La première de la grotte, jusqu’à un replat à mi-hauteur de pente, la seconde du replat au contrebas de la route. Nous nous transformons en mules. Nous fixons la corde à nos bloqueurs et nous marchons, tête baissée, pour amener ces charges à nous. Sur le papier, c’est simple. Mais il y a toujours un trou, une branche, un bidule qui coince. Alors nous avons beau tirer et rien ne se passe. Alors il faut débloquer, redescendre un peu et recommencer. Et enfin, nous fixons des grappes de bouteilles à une corde, une poulie intermédiaire et une voiture à l’autre bout. Le tour est joué, par magie, ça remonte tout seul. Encore une fois nous terminons à la nuit. Nous chargeons les voitures et après un court passage au gîte pour récupérer le reste du matériel. Il est 21 heures, nous reprenons la route. Le retour vers nos foyers sera long. La fatigue accumulée se ressent et nous nous relayons toutes les heures à fin de reposer la « bête ». Nous voici enfin chez nous, il est 2 h du matin…. J’avais espéré une plongée plus profonde, un résultat plus conséquent, mais peu importe. La galerie a dicté ses règles. Il reste à réfléchir sur une éventuelle solution pour franchir ce rétrécissement. Il reste encore plusieurs parties à explorer, l’aval dans la première salle, la galerie B et certaines parties du puits terminal qui prêtent à confusion. Je ne l’ai pas encore dit aux copains, mais j’espère bien y revenir tout compte fait dans cette grotte. Parfois assaillis par le doute, nous sommes parvenus à trois seulement à réaliser cette exploration. Comme le disent certains : « Il faut être zinzin… ! » Pour finir, voici quelques données « techniques » pour pure information : Plongeurs, porteurs zinzins : Serge Cesarano, Michel Dessenne, Pierre Eric Deseigne. Configuration : Bi dorsal 20 litres Trimix 15/50. 4 litres Air, fixé sur les bi-bouteilles pour gonfler la combinaison. 10 litres Nitrox 30. Relais n°1. 12 litres Trimix 21/30. Relais n°2. 10 litres Nitrox 40. Déco. 12 litres Nitrox 40. Sécurité. 10 litres Nitrox 65. Déco. 18 litres O2. Déco. 12 litres O2. Sécurité. Décompression calculée sur Décoplanner. Autres bouteilles: Deux 20 litres Nitrox 30 pour les plongées d’équipements et de soutiens. Deux 10 litres Air pour les plongées d’équipements et de soutiens. Autres charges : 10 kits d’équipements. 150 mètres de cordes.

Exploration 2004

L'équipe Bulles Maniacs a prolongé l'exploration de la Grotte de Sous Balme à Chézery Forens dans l'Ain. (Cette grotte est connue sous plusieurs appellations, mais il s'agit à chaque fois du même lieu, grotte de Sous Balme ou grotte de Bramaboeuf, ou résurgence de Chézery...) L'ancien terminus, de - 67 m, atteint par Olivier Rodel, a été porté à - 81 m. (Ce qui est beaucoup pour nous, mais peu pour d'autres... En effet, c'est la profondeur des premiers paliers effectués par certains spéléos lors des plongées dans la zone des 150/180 mètres.... Mais bon, qui va lentement va sûrement...!) Nous sommes parvenu à nous glisser à travers une fenêtre météo favorable. Néanmoins, nous avons dû avancer la pointe d'une journée et annuler 2 plongées car le niveau du siphon est monté de 4 mètres en une nuit. Ce qui n'est ni bon pour la visibilité, ni pour les paliers... La pluie et le redoux continuant à sévir sur la région, nous avons préféré ne pas nous exposer aux brusques mises en charge de la grotte. Voici, "brièvement" le déroulement de l'exploration : "Le vendredi a été consacré à l'acheminement de tout le matériel au bord du siphon, soit 15 bouteilles et une quinzaine de kits. L'utilisation d'une tyrolienne nous permet d'économiser des forces en évitant un portage faramineux. Le samedi, deux plongées de préparations et plusieurs allers et retours permettent de poser les blocs relais, les blocs de sécurité et de décompression, ainsi que les batteries et autres accessoires indispensables pour les paliers. Très rapidement, la visibilité s'amenuise et l'eau devient laiteuse. La plongée de pointe est effectuée dans la foulée, car demain nous le savons, le niveau d'eau ne nous permettra plus de réaliser cette plongée. Je parviens assez rapidement à l'étroiture, en bas du puits, celle là même qui l'année dernière m'avait interdit l'accès à la suite du réseau. Cette fois ci, ça passe sans problème. J'ai changé de configuration, les blocs sont en latéral et ça passe presque facilement. Derrière l'étroiture à - 60 environ, je rampe dans un laminoir assez intime, 40 cm de haut environ, pour enfin sortir dans une galerie plus large. J'atteins le terminus d'Olivier Rodel, je continue à dérouler mon fil et toujours avec le même plaisir, je palme pour la première fois dans cette galerie inconnue. Le sol est recouvert d'un lit de galets polis par le courant. La roche est magnifique, blanche et adoucie par l'usure de l'eau. La galerie continue à descendre et déjà à court de gaz ( vivement le recycleur...! ), je fixe mon fil et je fais demi-tour. Je regarde avec regret l'ouverture noire qui se dessine devant moi. Cette image qui va rester graver dans mon cerveau pendant des lustres, jusqu'à ce que je revienne afin d'aller encore plus loin. La galerie descend toujours, elle m'attire, mais ce sera pour une autre fois. Je repars, retour dare dare à la maison. Je suis en retard sur le programme et je sens la zone rouge se pointer à l'horizon des manomètres. Je me rue dans le laminoir. Je pense à Olivier qui est passé en bi dorsal, là-dedans, chapeau bas, j'ai déjà du mal avec les blocs en latéral, alors je n'ose même pas imaginer en dorsal. Je suis à l'étroiture, comme souvent, je ne parviens pas à sortir. Je décroche le cul de la 4 litres qui me sert à l'équilibrage, elle passe devant et je la suis bien content de ne pas rester enfermer. La remontée s'effectue sans problème. Et les paliers commencent vers - 36 mètres. À - 25, je branche le chauffage et je sens la douce chaleur se répandre sous la combinaison. Vous ne pouvez pas savoir la jouissance que c'est... C'est indécent ! Un confort physique et moral énorme. Je remonte tranquillement aux rythmes des arrêts tous les 3 mètres. Le pire reste à venir, car les paliers de - 6 mètres s'effectuent dans une faille des plus inconfortable. Les épaules touchent la roche de part et d'autre. Et je n'ai pas la carrure d'un Douillet. Tout au long des paliers, je reçois la visite des copains qui viennent me tenir compagnie et qui me déleste des blocs inutiles. Je change régulièrement de batteries, j'apprécie à sa juste mesure le confort douillet de ma polaire chauffante. Je ne regrette pas les soirées d'hiver passées à m'user les yeux sur la machine à coudre, sous les sarcasmes de ma douce. La confection de cette polaire chauffante m'a occupée de longues heures, mais maintenant je savoure.... La fin est un peu longue. Néanmoins je commence à ressentir l'effet dévastateur du froid, lors des 10 dernières minutes. On sait que la fin approche, alors on perd un peu patience. De plus, comme souvent, la pression et les changements de positions répétées provoquent dans mes petits intestins fragiles des troubles forts désagréables... "Gerber" dans un détendeur devient une habitude et je maîtrise sans complexe, la gestion des spasmes et des respirations. Ensuite, ça va mieux.... Heureusement, cela ne survient pas à chaque fois.... Bon, allez, c'est fini, je plie les gaules et je rentre à la "maison". Le comité d'accueil m'attend et je sors du siphon accueillit par les cris de joie des copains. De plus un petit nid douillet avec point chaud, bougies, boissons chaudes, nourriture a été dressé pendant ma ballade.... C'est la fête après 166 minutes passées dans une eau à 4 degrés...! Une dernière plongée est réalisée pour sortir un bloc et des batteries. Nous constatons que l'eau monte. La pluie et la fonte des neiges sur les hauteurs se fait ressentir. Cela nous conforte dans notre choix de faire la pointe aujourd'hui. Nous rangeons vite fait le matériel et nous remontons blocs et sacs d'un niveau, soit 4 mètres environ. Incertains quant à la suite des événements, nous décidons de sortir les kits. En cas de crue, ce sera toujours ça de sauvé.... La soirée se termine au restaurant, devant un festin, arrosé parcimonieusement d'un bon verre de rouge pour fêter cette plongée. Je peux vous dire que 4 spéléos en polaires, un peu crottés, ne passent pas inaperçus dans les petites auberges cossues de nos contrées... Le dimanche sera consacré à la sortie des bouteilles de la grotte. En effet, nous avons bien fait de les remonter un peu, car l'eau est 3.5 mètres au-dessus du niveau d'hier et ça monte toujours. Ensuite, la tyrolienne fonctionne à plein régime. Les charges s'envolent les unes après les autres, tirées par la voiture. Fini les portages harassants et inutiles.... Vive les poulies, les renvois et les tyroliennes.... Le lundi, nous trions le matériel sous une tempête de neige et enfin nous reprenons la route du retour. Nous avons déjà prévu de revenir cet été, car ni le souvenir cuisant du froid, ni celui des efforts ne nous incite à renoncer."

Exploration 2005

N'allez pas croire que l'équipe Bulles Maniacs se soit reconvertie dans la plomberie. Bien que notre activité puisse s'apparenter à celle ci, car tout compte fait, nous évoluons dans des tuyaux remplis d'eau. Malgré cette apparence trompeuse, je vous le confirme nous sommes encore des plongeurs souterrains. Pour la troisième année consécutive, nous retournons dans les gorges de la Valserine pour plonger au fond de la grotte de Bramaboeuf dite de Sous Balme. Fier de notre succès de l'année dernière où nous avions atteint le point bas de – 81 mètres, nous sommes redescendus dans les gorges et au fond de la grotte pour tenter d'avancer un peu plus dans l'exploration de ce siphon. Nous prenons la route le jeudi soir en espérant ainsi commencer de bonne heure le lendemain matin, car la quantité de matériel à descendre est colossale. Nous arrivons en pleine nuit au gîte, un vent glacial balaie le massif et la neige recouvre la route. Certains viennent pour le ski, nous venons pour profiter de l'étiage d'hiver. Car l'eau transformé en neige est bien mieux sur les hauteurs que dans les profondeurs de la montagne. Le vendredi matin, le soleil illumine les montagnes toutes blanches et un grand ciel bleu embelli le tableau. La journée commence bien. Nous montons dans l'un des jouets préféré de Michel, son 4x4 et nous partons pour commencer l'installation de la tyrolienne. Michel veut prendre un chemin pas encore déneigé pour rejoindre la route, j'ai à peine le temps de lui dire que c'est une mauvaise idée que nous voilà enfoncés jusqu'à la porte dans une bonne neige compacte. Les années passent et se ressemblent. Le bougre de joueur nous avait fait le coup, un peu plus loin, mais dans la boue… Bon, je passe les détails pour sortir l'engin de sa pitoyable et dégradante position, de la moutarde au nez, et du temps de perdu. Heureusement, nous gardons toujours une journée de rabe, au cas ou…! Pour conclure, nous pensons offrir un stage de pilotage de 4x4 à Michel afin qu'il ne le plante plus régulièrement dans tous les pièges que la nature lui offre…! Néanmoins, le vendredi nous parvenons à installer la tyrolienne pour descendre le matériel. Ce qui n'est pas simple car nous sommes plus à l'aise à manier les détendeurs et le dévidoir qu'à utiliser les cordes, poulies, nœuds et autres astuces de cordistes et spéléos. Nous commençons à acheminer quelques charges à l'entrée de la grotte, la nuit tombe et nous préférons rentrer et continuer demain. Nous passons presque tout le samedi à descendre les bouteilles et les kits à l'entrée puis au fond de la grotte. Selon mes prévisions, nous aurions du installer les bouteilles de sécurité et la ligne de déco aujourd'hui, mais ça ne va pas être possible. Je plonge quand même pour poser deux blocs à – 30 m. Nous décidons de reporter la pointe au lundi, plutôt que de rester jusqu'à pas d'heure pour effectuer les plongées indispensables à la préparation de l'exploration. Le dimanche, nous plongeons pour installer les relais, les bouteilles de déco et les bouteilles de sécurité. Un des membres de l'Ultimate Team of Chiottte Cave Diver que nous sommes, doit partir pour effectuer le ménage dans le "puits" où trop de fils menacent le plongeur. Je préfère garder son nom dans l'anonymat, vous aller comprendre pourquoi dans quelques instants. Equipé de ces deux 20 litres remplis d'un savant mélange ternaire et après une longue et minutieuse préparation, il est le premier à s'immerger pour effectuer sa mission. En plus de son bi dorsal, il part avec deux petites bouteilles pour la déco. Les glouglous des bulles s'atténuent mais ne disparaissent pas totalement. Après une dizaine de minutes notre Utimate revient rouge comme un poisson japonais, soufflant et haletant comme un bouc en rut. Il vient de passer dix minutes coincé dans la faille à – 6 m. Mais je ne m'attarde pas sur cet épisode rocambolesque, il se chargera lui-même de décrire sa mésaventure. Nous parvenons tout de même au bout de nos peines et à la fin de la journée, toutes les bouteilles sont en place. Demain sera le jour ! Je ne peux pas dire que je passe un très bonne nuit. Je pense aux 36 000 choses que je devrais faire demain, aux derniers petits bricolages. Je refais dix fois la plongée dans ma tête. Si tout se passe bien j'ai prévu de descendre au moins à – 100 mètres, avec un dérapage possible à 110. Je descend en premier dans la grotte et je commence à me préparer. "Aujourd'hui, c'est le jour…!" Nous refaisons une fois encore le déroulement de la plongée et des plongées d'assistances. Je pars pour "l'aventure", pressé de reprendre l'histoire, là où je l'avais laissée l'année dernière. En dix minutes je suis à – 30 m où je commence le nettoyage dans le "puits" du vieux fil. Je prends un premier relais à – 35 et un second à – 42 m. Je perds du temps à remplir le dévidoir mais j'en gagne sans doute à nettoyer cet ennemi intime qui tôt ou tard m'aurait attrapé dans le dos. Je descends à – 57 à l'entrée du laminoir. Je passe sans trop de problème le rétrécissement, encombré que je suis de mes quatre 20 litres, de ma 4 litres d'air pour l'équilibrage et de tout le reste. Je rentre dans le laminoir et il ne s'est pas élargi depuis l'année dernière. Le bougre ! Impossible de redresser la tête, la bouteille d'air se coince partout. Je pousse, je tire, je racle, je me calme pour ne pas givrer, l'eau est quand même à 7°. Ca cogne de partout, ça résonne fort, le métal contre la pierre, les bulles qui explosent si prêt de la tête. Bon, tant bien que mal je sors de cet enfer, après 30 bons mètres de ramping. Et dire qu'il faudra repasser par là pour ressortir…! Y a pas à dire, il faut quand même avoir un grain pour venir là dedans. Je sors dans la galerie, j'ai l'impression de respirer à nouveau, de retrouver ma liberté. Je suis mon fil et je descend vers le terminus 2004. Les derniers mètres de fil se sont décrochés, arrachés par la violence du courant, sans doute. J'arrive au bout du fil, je sors mon dévidoir et je "raboute" le fil neuf au "vieux" fil. L'année dernière, je m'étais arrêté à – 81 mètres, aujourd'hui, mon ordinateur me donne 78 mètres. Les niveau d'eau sont plus bas et voici la différence, tant mieux ce sera toujours moins de paliers à faire. Je dévide trois mètres et je me retrouve face à un rétrécissement. L'année dernière j'avais ressenti les mêmes phénomènes d'attirance. J'avais mis ça sur le compte du stress, d'une mauvaise flottabilité. Mais cette année, je suis parfaitement équilibré, j'ai les idées super claires et si je ne me tiens pas je me sens partir vers ce trou noir. D'ailleurs les bulles s'y engouffrent, tout comme les particules et des nyphragus volants à vitesse supersonique. C'est beau le vol du nyphargus dans la nuit minérale…! Mon petit ange rouge casqué me dit d'y aller, mon petit ange blanc casqué me dit de me tirer de là en vitesse. J'hésite car l'envie de découvrir la suite est démesurée même. Les efforts déployés pour venir plonger ici sont immenses et l'envie "d'amortir" le déplacement est forte. Mais cet avaloir à bébêtes ne me dit rien qui vaille et prudemment, je recule de quelques mètres. Je me pose un peu plus loin et je contemple cette bouche de l'enfer. J'ai connu pire courant, je passe, c'est certain. Je devrais ressortir mais je n'en suis pas certain et à – 81 mètres en face de ce trou noir, cette incertitude ne me plait pas du tout. Je repars en sens inverse dans l'espoir de trouver une autre galerie, mais je butte dans un cul de sac argileux, je regarde au plafond, mais il est désespérément lisse. La visibilité disparaît, je tourne cinq minutes, un peu partout mais je ne vois rien de significatif. Je retourne vers le terminus et devant la suite béante, sombre et aspirante du siphon. D'autres nyphargus continuent de disparaître dans l'inconnu, eux peuvent s'embarquer dans ce voyage mais je ne le sens pas du tout. La mort dans l'âme, presque en colère, je coupe mon fil et je décide de remonter. Encore une fois, Sous Balme nous joue un tour bien à elle. Mais bon, je n'avais qu'à être plus perspicace l'année dernière. Je rentre à nouveau dans le laminoir, la visibilité est meilleure que l'année dernière, pas merveilleux mais je vois quelque chose. Je peine à sortir avec mes quatre vingt litres et ma quatre litres, mais je finis par me libérer du rétrécissement. Je remonte, la plongée est terminée, la décompression commence. La visibilité dans le puits est bonne, l'année dernière, je ne parvenais même pas à lire les instruments. Je suis en retard sur le programme annoncé. J'ai perdu tellement de temps lors des deux passages du laminoir…! Je ne vois personne au rendez vous fixé à – 40 m. Je me dis qu'ils doivent s'inquiéter de ne pas m'avoir vu mais en fait, ils s'inquiètent eux de ne pas être au rendez-vous. Le plongeur est parti super en retard et il s'est à nouveau coincé à – 6 mètres. L'un comme l'autre, nous avons manqué le rendez-vous initial. Dès la remontée, j'ai ressenti les classiques nausées qui me tiraillent fréquemment. Ca ne m'était plus arrivé depuis quelques mois, mais là je sentais la sauce monter. A moins 15 mètres, les spasmes me secouent et c'est reparti pour la gerbouille subaquatique. Mais comme un plongeur averti en vaut deux, j'ai fait léger au petit déjeuner. Alors l'affaire est vite réglée. Je remonte lentement et j'arrive dans la phase terminale des paliers. J'ai enfin de la visite, mais dans la partie la plus étroite du siphon. Pas facile de communiquer dans ces conditions. Les spasmes recommencent et une nouvelle attaque me secoue des pieds à la tête. Il faut vraiment aimer ça pour supporter de telles cochonneries. A partir de maintenant le siphon devient sur fréquenté, les copains effectuent des allers et retour pour remonter les bouteilles. Ils font le ménage dans la galerie. J'ai laissé des blocs à partir de 45 m. Ils passent en dessous de moi et les bulles me secouent de partout. Les paliers s'achèvent et toujours la gueule de travers, je décide de sortir. Je sens un forcené me pousser au cul, c'est Serge, le "Nettoyeur" qui me pousse avec sa grappe de bouteilles. Pas moyen de palmer tranquille. J'émerge enfin et il règne une agitation diabolique à la surface. Des blocs traînent partout à la sortie du siphon, les instructions fusent pour briefer les plongeurs nettoyeurs. Attaqué sauvagement par la nicotine qui stagne à la surface de l'eau, je me refais une petite séance de glouglous intestinaux. Il parait que j'ai une sale gueule à ce moment là. Tu m'étonnes, trois heures dans une eau à 7°, une petite plonge à – 81, des reflux gastriques violent comme une gastro vicieuse. Pas de quoi danser la gigue. Je retrouve les copains et ça fait du bien. Une fois mes troubles terminés, je raconte ma plongée et je décris cette saleté d'avaloir dans lequel je n'ai pas eu envi de disparaître. Y a pas à dire, une belle plongée, mais une plongée de merde quand même ! A priori Sous Balme, c'est fini. Tout du moins dans cette configuration. Nous reviendrons peut être, mais en recycleur et donc en configuration légère. Car hormis cet aval dans lequel je n'ai aucune confiance, il reste encore quelques espoirs dans des parties annexes du siphons. Il serait intéressant d'effectuer un lâcher de fluorescéine afin de savoir où l'eau ressort. Je retrouve le fond de la grotte et je commence à reconditionner les kits pour la remontée. Les derniers plongeurs finissent de sortir les bouteilles et les premiers kits remontent doucement. Le lendemain, nous mettons le réveil à 7 heure pour être de bonheur à la grotte. Nous sortons tout le matériel en une heure et demie. Jusqu'à là, tout va bien. Mais nous perdons beaucoup de temps à installer la corde et les renvois de poulies qui nous permettent de tout remonter grace à la voiture. A la force de nos petits bras, nous y serions encore. Nous finissons à 22 heures, lessivés pour certains. Nous retournons au gîte. Nous devons faire le tri du matériel, répartir les charges dans les voitures, dîner, nettoyer la maison. Nous prenons la route à minuit passé. Un vrai cauchemar. De plus en plus barge. Nous sommes parti pour rouler toute la nuit et pas moyen d'y échapper, nous travaillons tous demain. Nous arrivons chez nous à l'heure habituel du réveil. Le temps de prendre une douche et un bon petit déjeuner et me revoilà dans le RER pour aller au travail. Transition brutale entre la vie de nos rêves et la vie quotidienne, un peu moins exaltante. Mais l'aventure ne se termine pas tout à fait ici. Grace à la station hydrologique de Chezery, nous connaissons le débit précis, heure par heure de la Valserine, la rivière qui coule en bas des gorges. Lors de ma plongée, le niveau du siphon a encore baissé d'une manière significative, un bruit de succion a accompagné la baisse de l'eau. Au même moment, le débit de la Valserine chutait brutalement. Il passait de 1.3 m3/sc à 1.2 m3/sc. La coïncidence me parait surprenante et l'interaction entre le changement de débit de la rivière, la baisse du niveau d'eau dans la grotte, le courrant au fond est fort probable. Au regard des courbes de débits, je pense que les variations de débits et de niveaux dans la grotte sont dues aux phases de dégel diurne et aux phases de gel nocturne. L'eau libérée par la fonte des neiges s'écoulent à travers le calcaire et dans les gorges. Les débits hauts correspondent à la fonte et les débits bas correspondent au gel. J'ai donc du m'arrêter à un endroit ou plusieurs arrivées d'eau se rejoignent. Le siphon (trop plein de crue) étant bien un regard sur un réseau noyé profond. Néanmoins, au delà de ces observations pseudo scientifiques, je m'interroge encore sur cette vidange de siphon. Qui a tiré la chasse d'eau alors qu'il y avait un plongeur dedans ?

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