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Grotte de la Sexagésime
Topographies
Grotte de la Sexagésime

Situation X= 834,70 Y=241,17 Z=375m (Carte IGN 1/25.000: 3139 OT) La grotte de la Sexagésime (la Sexa) se trouve sur la commune de Villeperdrix, près de Nyons. Elle est située dans des gorges de l'Aygues au pies de la montagne d'Angèle (1600m). Historique 1968 - Découverte de la cavité par le Spéléo Club Mottois. Cette découverte a eu lieu soixante jours avant Pâques, d'où le nom de "Sexagésime". (G. Joubert, P. Rasclard, R. Laudet, J.C. Doumas et R. Mouton) Ils descendent jusqu'au départ du S1. 1976 – Reprise de l'exploration par le PSP (Plongeurs Spéléos de Paris). Joël ENNDEWELL franchit le S1. ( Alain MORENAS, Pierre MOREL, Michel RAYMOND) 1977 – Exploration post S1, Xavier GOYER plonge le siphon qui porte son nom et le S2. 1981 - Bernard Glon et Joël Enndewell plonge sur 300 m et pour la première fois le siphon du cantonnier. Ce siphon est plongée de l'autre côté, de l'intérieur de la cavité par Pierre Morel. 1982 – Dans le siphon du cantonnier, une jonction est faite avec le dévidoir de Pierre MOREL. Bernard Glon explore sur 500 m le siphon Flahaut (membre du PSP, décédé de maladie en 1990). Des années plus tard, Patrick MUGNIER (aidé de P. BOLAGNO) explorera 150 m d'une galerie (active) découverte dans le siphon Flahaut. Joël Enndewell explorera le S3 jusqu'à 350 mètres. 2007 - Jean Pierre Baudu découvre une galerie parallèle de 110 m qui rejoint le terminus Enndewell prolonge l'exploration du S3 jusqu'à 380 m. Il butte sur un laminoir à -5m. 2011 – Bulles Maniacs avec le soutien des spéléos locaux et de Joël Enndewell reprennent l'exploration. Pe Deseigne prolonge l'exploration du siphon Flahaut et il découvre environ 500 mètres de galeries supplémentaires. Il s'arrête à 757 mètres du départ du siphon. Description Il existe trois points d'entrée/sortie. Le premier se situe au niveau de la rivière, sous le mur de la route. C'est par là que l'écoulement péréen s'effectue. Un second accès se situe entre la route et la falaise, par la baraque du cantonnier. Cette ouverture donne accès à un siphon, le « siphon du cantonnier ou siphon Morel » qui après plus de 550 mètres ressort dans la partie exondée de la cavité. Une troisième ouverture accessible par un sentier permet de rentrer dans la grotte par un petit passage, suivi d'un ramping. Un puits de 10 mètres conduit à une galerie relativement spacieuse au début qui devient assez vite un cloaque boueux. Elle se termine sur le 1er siphon, long de 80 mètres. A la sortie de ces 2 siphons (le 1 et le Morel) une belle cavité « aérienne », fortement concrétionnées se développe. A partir du S1, une belle remontée d'une dizaine de mètres sur une coulée de calcite nécessite l'usage d'une corde et d'une poignée. La cavité continue, plus ou moins grande, avec quelques passages bas. Elle butte ensuite sur un premier siphon, le « Flahaut » qui s'ouvre la gauche, cinquante mètres après l'arrivé du siphon Morel. Un peu plus loin le siphon « Goyet » donne accès à la suite du réseau. Il peut être shunté par une petite galerie sèche. Se succèdent alors un second siphon puis un troisième qui se terminent en cul de sac. Siphon du cantonnier ou Morel : 550 m / - 25 m Siphon n°1 : 80 m / - 6 m Siphon n°2 : Siphon n°3 : 380 m / - 27 m (développement total 490 m) Siphon Flahaut : 757 m / - 26 m Siphon Goyet : Bibliographie N° hors série des Cahiers de l'Oule de 1988 du Spéléo Club Montois

Exploration de Janvier 2012

Après cette petite virée en Chine, la tentation est grande de ne plus plonger que dans des siphons lointains et des eaux chaudes. Mais il est difficile, voir impossible de résister à l'appel des sombres galeries inconnues. Un an environ après la dernière exploration dans le siphon « Flahaut », je suis retourné dans la grotte de la « Sexagésime ». Je m'étais juré de ne pas repasser par la galerie remplie de boue et par le premier siphon, l'infâme... ! Et en effet, je n'y ais pas mis les pieds. La baraque du cantonnier, juste au bord de la route, abrite le départ d'un siphon, le siphon « Morel ». Il conduit après un peu plus de 500 mètres dans le réseau aérien, véritable carrefour du système, avec de nombreux départs/arrivées de siphons, dont celui du S1, le cloaque. Fini le portage dans la gadoue et les séances interminables de nettoyage. Je découvrais donc ce siphon, dont l'accès s'effectue par une petite galerie intime, après un court parcours à quatre pattes. Elle débouche dans une sorte de baignoire, une petite chambre où l'on peut s'équiper à l'aise. Bernard y avait plongé l'année dernière et je sais par conséquent que les fils y sont nombreux et piégeux. Un plongeur averti en vaut deux. J'effectue une première plongée. La roche est noire, la galerie alterne des sections basses et des volumes plus vastes. Le sol est le plus souvent constitué par un tapis d'argile, soit compact, soit extrêmement volatile. Le fil, les fils ont souffert. En effet, pour l'équipement, c'est du grand n'importe quoi. De la bêtise à l'état pur. De l'inconscience. Deux, trois ou quatre fils, tendus, éparpillés, une horreur. J'arrive à l'étroiture tant redoutée, la fameuse « boite aux lettres ». Finalement, pas si terrible que ça. A l'époque, les précédents explorateurs, plongeaient en bi dorsal. Décapellage obligatoire. J'imagine la sinécure. Aujourd'hui, avec les bouteilles sur le côté, le fameux « sidemount », mieux encore, le « new sidemount », ça passe assez facilement. C'est beau d'être à la pointe de la technologie. Il me faudra deux plongées pour rééquiper le fil déchiqueté par les crues. Il y en a partout, en morceaux. C'est pas beau, mais va falloir faire avec, pour l'instant. J'installe du fil neuf, j'enlève l'ancien, ce qu'il en reste. Exercice périlleux. Hormis la répétition, des lambeaux de fils flottent à l'abandon, un peu partout. Les pelotes de fils dans une galerie où la visibilité peut devenir nul en trois coups de palmes, ça n'est jamais le nirvana. Pourtant faut bien le faire, c'est ça d'avoir une conscience. Ça conduira à ma perte. Le plus beau, ça sera pour la dernière plongée, le grand nettoyage. J'essaie d'enlever les quatre fils qui garnissent l'entrée. Aucune visibilité, je déterre, j'excave, je soulève des montagnes d'argile. Une catastrophe. Je ne sais plus rien, j'avance, je tourne, j'enroule, je tortille. Mon dévidoir, grand format, est à l'agonie. Ça ne ressemble plus à rien. Plus de technique, plus de style, juste une boule de fils, autour d'un bout de plastique. Si je m'en sors, je bois un coup à la santé du saint patron des plongeurs spéléos. Je ne voudrais pas ressembler à la mouche scotchée dans la toile de l'araignée. Je vais en venir à bout et ressortir avec l'héritage laissé par mes prédécesseurs inconscients, criminels. Des « serials fileurs ». Hormis cette séance ménagère, j'ai quand même fait un peu de première. Pas beaucoup, un peu quand même. Avant la sortie du siphon, j'ai trouvé une petite galerie, sur la gauche. J'en rêvais de cette galerie, d'un actif, celui qui alimente le siphon. Car il déborde, les jours de grandes pluies. Sur la route même, c'est bien qu'il y a une arrivée d'eau, conséquente. Je croyais tenir le bon bout, la première kilométrique. Une jolie faille, une diaclase, avec une roche magnifique, noire et un fond d'argile bien blanc. Mais comme à chaque fois, la nature dicte ses lois. Après soixante mètres, terminus, cul de sac. C'était bien parti pourtant, mais l'envie ne suffit pas. J'étais persuadé d'avoir découvert la suite car à la jonction, une hallocline est bien visible au niveau du sol. Une eau plus froide arrive à cet endroit provoquant l'ondulation spécifique à ce phénomène. Mais non, l'eau doit s'infiltrer par des failles, des fissures. J'ai cherché partout, je suis peut être passé à côté d'un autre accès, mais je ne crois pas. J'ai pris mon temps. La faille serpente, la roche est très belle, c'est peut être la plus belle partie du siphon, avec la grande remontée juste avant de sortir. A cet endroit, la galerie a du être sèche pendant de nombreuses années. Le sol est une grande coulée de calcite, avec des concrétions, des « tites et des mites ». Ça n'est pas le Yucatán, mais quand même, il y en a quelques unes, quelques draperies aussi. Étonnant après le survol de ce tapis d'argile. Cette coulée se termine par une sorte de puits qui remonte presque à la verticale vers la surface pour rejoindre le réseau aérien, postsiphon. Nous passerons par là pour continuer l'exploration. Nous sommes d'ailleurs les premiers plongeurs, à priori, à avoir effectué la traversé de ce siphon. A l'époque du PSP, Pierre Morel l'avait exploré d'un côté et Joël Enndewell de l'autre. Une fois la jonction effectuée, ils s'étaient arrêtés là. La minute technique... ! Le jour de la pointe, j'ai passé 180 minutes dans l'eau. J'ai emporté, deux 10 litres acier, montés en « sidemount ». Il contenait un Nitrox 30% et l'un servait de diluant pour le recycleur et l'autre de « bilout ». Pourquoi cette configuration ? D'habitude, je prends une bouteille d'O2 et une de diluant plus des S80. Là, avec ces deux 10 litres, je m'offrais la possibilité de repasser en circuit ouvert en cas d'étroiture sévère, je pouvais aussi évoluer sans bouteilles « relais » dans des passages plus intimes, comme lors de l'exploration de la faille. Les deux servaient aussi à alimenter la stab et la combinaison étanche. L'avantage d'avoir un Nitrox aura été sensible lorsque je suis passé du Circuit Fermé au Semi fermé. En effet, à plusieurs reprises, la visibilité s'est tellement dégradée, que je ne pouvais plus lire mes afficheurs de PPO2. Donc en attendant une amélioration, j'ai fermé l'arrivée d'O2, ouvert celle de diluant et j'ai fait la lunette. C'est à dire, j'ai expiré tous les huit cycles respiratoires environ afin de déclencher l'arrivée de gaz frais. J'avais une bouteille d'02, de 4 litres et deux S80 de Nitrox, une laissée dans la galerie, à 300 mètres environ et une autre emportée avec moi jusqu'au fond. Et bien évidemment, je respirais sur un recycleur Joky. Le volume des gaz consommé est insignifiant et une fois encore, le recycleur (latéral) montre toute sa polyvalence pour ce genre de plongée. Autonomie, passages étroits, eau claire ou visibilité nulle, il permet d'ailleurs de conserver une bonne visibilité en évitant le rejet de trop de bulles. Je n'aurais pas pu faire le quart de ce que j'ai fait en circuit ouvert et seul de surcroît... ! Epilogue. Bon, je vais vous en raconter une bien bonne quand même.. ! J'ai dû vider les trois quart de mon gourbis et entasser tout ça dans la voiture. J'en ai pris du matériel, presque toutes mes bouteilles, mes recycleurs, mes lampes, trois combinaisons, des tonnes de fils, un véritable magasin ambulant. Et avec tout ça, pour la première fois depuis quinze ans que je plonge sous terre, j'ai oublié mon casque.. ! Un plongeur spéléo européen sans casque, à quoi ça ressemble... ? A un plongeur américain... ! Ha ha ha ha... ! Je plonge de temps à autres sans casque, en ballade, je trouve ça très agréable dans le fond. Mais je n'avais jamais fait d'explo la tête nue. Bon, je vous rassure j'avais quand même ma cagoule, modèle grand froid d'ailleurs. Mais pas de casque. Et j'ai même réussi à ne pas me détruire le crâne. J'ai fait attention, surtout lors du retour sans visibilité. Et le pire, c'est que je vais finir par y prendre goût. En même temps, l'inconvénient, reste les zones d'ombres, avec la lampe sur la main, on éclaire pas ce que l'on tricote. Là, pour faire les nœuds, j'avoue que j'aurais quand même bien aimé avoir un peu plus de lumière. Mais à part ça, c'est pas mal quand même. Pas de sangle qui t'étrangle, pas de truc qui te prend la tête. Finalement... !

"Sexagédream".

Un an environ après notre équipée boueuse dans la grotte de la Séxagésime, nous revenons, bien décidés, comme à chaque fois, à continuer l'exploration. Cette année, le comité est restreint, nous sommes deux, les deux premiers jours, Serge et bibi. Depuis la dernière sortie de la cavité, couvert de boue, exténué par le portage et la toilette dans l'eau glacée de la rivière, je me suis promis de passer par le siphon Morel. Le fameux siphon, actif, par lequel nous accédons par la cabane du cantonnier, juste au bord de la route. Terminé les portages à la gomme et de toute façon, l'eau arrive par ce siphon, donc, forcément, la suite doit se trouver quelque part dans la galerie. Les précédents plongeurs sont passés à côté sans la voir. J'espère avoir plus de chance qu'eux. J'ai ressorti le recycleur de sa caisse. Je ne m'en suis pas servi depuis un bon bout de temps. Les dernières plongées ont été toutes réalisées en « ouvert », « old school » comme disent bon nombre de jeunes merdeux qui pensent avoir inventé l'eau tiède avec des techniques utilisées depuis déjà pas mal d'années par les « caverneux ». Pour le recycleur, après chaque interruption un peu trop longue, j'ai l'impression de reprendre une sorte d'apprentissage, de chercher mes repères. Sans parler de l'ordinateur, le VR3.. ! Dès que je ne m'en sers pas, j'oublie les chemins, le mode d'emploi. Une véritable catastrophe. Un petit portage à quatre patte, assez court permet d'atteindre le départ du siphon où la mise à l'eau est assez confortable. Je me dépêche de partir avant Serge craignant de passer après lui et de ne rien voir. C'est pas tellement qu'il touille ou qu’il palme comme un « goret ». Quoi que ? Mais le réseau est très argileux et Serge avec ses quatre S80 ne va pas arranger mon affaire. Donc, je me sauve vite fait avec deux 10 litres montés en latéral, une 3 litres d'O2 et une S80 en « bilout ». Plus mon ami le Joky. Je n'ai jamais vu un équipement aussi pourri. Quatre fils, pas tout le temps. Spiderplongeur est passé par là. Des fils mous, des fils envasés, des fils attachés, des fils en boucle, une véritable démonstration de tout ce qu'il ne faut pas faire. Nous allons avoir du travail de rééquipement. Je découvre la galerie, la roche est noire et le sol est recouvert presque partout d'argile, super fluide ou très compacte selon les endroits. J'attends avec impatiente la fameuse « boite aux lettres », à peu près à mi chemin dans le siphon. Les précédents plongeurs la franchissaient en décaplant leur bi dorsal. J'arrive sur l'éboulis composé de grosses dalles tombées du plafond. Je m'attendais à pire, ça frotte mais ça passe assez bien, même pas besoin de décrocher le « bilout » ou le recycleur pour passer. Plus loin le fil est coupé, je sors le dévidoir. J'adore faire des nœuds avec les gants. C'est mieux que le Yoga pour travailler sa patience et son contrôle. J'ai l'impression d'être un boxeur qui essaie d'enfiler un fil dans une aiguille. Je raccorde après quelques dizaine de mètres au vieux fil. Je recoupe, je fais un beau nœud, je range le dévidoir, je repars. Zut, ça recommence un peu plus loin. La comédie.. ! Et rebelote.. ! Séance de nœud et je repars. Je dévide, je dévide. Et assez vite, je n'ai plus de fil. Je ne sortirais pas le siphon aujourd'hui. C'est trop bête. D'habitude, je prends toujours trop, trop de bouteilles, trop de fil. Qui souvent ne sont pas utilisés. Ce coup ci, j'ai voulu être raisonnable, modeste. Je n'ai pris qu'un dévidoir « normal ». J'aurais pas dû.. ! Bon ça sera pour demain. Je repars. Serge arrive à ce moment là. En effet le retour va être intime, la visibilité est … ! Détériorée, fortement.. ! Pas partout, mais presque. Je continue ma séance de détricottage, je fais des pelotes avec l'ancien fil. Ensuite comme je ne vois plus rien et que je suis incapable de définir quel fil je dois garder et lequel je dois enlever, je ne touche plus à rien. A tchao bonsoir. Après une soirée fort sympathique avec Serge à papoter et à refaire le monde, après une bonne nuit, nous reprenons le chemin de la cabane du cantonnier en fin de matinée. Le Mistral secoue la région, le ciel est d'un bleu pur et il caille sévère.. ! J'ai bien fait de sortir la doudoune, le bonnet et les gants. On sera mieux dans l'eau... ! Sexagédream – J2 Je repars avec la même configuration. Juste en plus avec deux gros dévidoirs, remplis de fil.. ! Va pas se faire avoir deux fois... ! Non mais. La visibilité est revenue comme hier, limpide, à l'aller. Je suis très mal équilibré, mon Joky me tire vers le haut, pas assez lourd. Demain, je vais lui mettre deux kilos de plombs afin qu'il évite de se prendre pour un parachute de relevage. Évidemment avant, je plongeais avec des gueuses en acier, alors je ne le sentais pas tellement. Mais depuis que j'ai fait mon « coming out » et que j'ai piqué des techniques « ricaines », notamment l'utilisation systématique de S80 en aluminium, tout mon lestage a changé. Je vais passer une plongée de tricoteuse, à jouer avec le fil, à poser un fil neuf, à essayer de rassembler les écheveaux, les lambeaux de vieux fil déchiqueté aux quatre coins de la galerie, façon puzzle... ! Je trouve la progression interminable, fastidieuse, pénible. Mais je continue, pas question de faire demi tour. Je veux sortir le siphon et découvrir la suite. Comme on dit, je ne suis pas venu ici pour faire de la figuration. La galerie commence à remonter, après un passage dans la zone des 31 mètres. La pente est franche et elle est constituée par une belle coulée de calcite. Des concrétions, sur le sol et sur les parois attestent d'un long passé aérien. J'arrive sur une sorte de palier horizontal. Pour la première fois, j'observe une sorte d'hallocline au niveau du sol. Je n'ai jamais vu ça. Il se passe quelque chose, je ne comprends pas quoi, mais l'eau à cet endroit « vibre ». Je regarde un peu partout. Au-dessus, ça remonte presque à la verticale, ça sent bon la sortie. Et à gauche, une galerie. La fameuse galerie, l'actif... ! Sans doute, pas de fil. Non c'est bien ça, le vieux fil, en morceaux part vers le haut. Ça y est, j'ai trouvé la suite, à peu près là où je m'attendais à la voir d'ailleurs. L'intuition était bonne. Pour une fois. Je mets en place une flèche de direction, j'irais fourrer mon nez là-bas au retour. Je continue la remontée, j'aperçois le miroir, la sortie du siphon Morel. Enfin.. ! Après plus de quatre vingt minutes de plongée. J'émerge, bien content, je vais pouvoir m'accorder une petite pose. Serge arrive peu de temps après. A peine le temps d'échanger trois mots et il repart vers la sortie. J'observe la faille qui remonte vers la salle des siphons, le Flahaut et les autres. C'est haut et je sais en voyant l'aspect des lieux que je ne me lancerais pas dans la grimpette et encore moins seul avec des blocs à trimbaler jusqu'au départ du Flahaut. Ça sera pour la prochaine fois, avec les copains... ! Je ne trouve aucun amarrage pour le fil. La roche est lisse comme la main. Je finis par dénicher une sorte de vis enfoncée dans la paroi. Je ne sais pas ce qu'elle fait là. Mais elle fera l'affaire. Voilà une bonne chose de faite. Nous sommes les premiers à avoir réalisé la traversé de ce siphon. Pierre Morel l'avait exploré depuis ici et Joël Endewel avait réalisé la jonction depuis « le cantonnier » sans sortir le siphon. Je redescends dans la mouise totale. J'arrive assez vite devant la nouvelle galerie. J'attache le fil et je rentre dans l'inconnu. J'avance dans une belle faille inclinée. Elle s’élargit un peu, mais surtout elle s'allonge. Je m'arrête au bout de trente mètres. J'ai vu ce que je voulais voir. C'est bien là. Je fixe le fil, je bloque le dévidoir. Je l'accroche à la roche et je rentre. Je reviens demain pour continuer la suite. Le retour sera plus rapide. Je recommence avec mes pelotes de vieux fils mais ça se complique. Je n'y voit rien et je m'écarte du fil neuf. Si je continue, je vais me retrouver au bout de rien. Je laisse mon tricot et je continue sur mon fil. Je terminerais le nettoyage dans les jours à venir. J'ai du mal à lire mon afficheur de PPO2. Je passe en mode Semi fermé, j'ai prévu le coup, j'ai des Nitrox dans mes bouteilles. J'expire tous les huit cycles respiratoires environ. Quand la visibilité s'améliore, assez pour lire mes instruments, je repasse en circuit fermé. Un peu plus de soixante minutes après avoir quitté la surface, je sorts de l'eau. Globalement tout c'est bien passé et comme après chaque découverte, je jubile, comme un petit garçon à qui ses parents auraient offert le camion de pompiers dont il rêvait depuis des années. Dehors le Mistral souffle toujours aussi fort. Il fait un froid de canard et je suis bien content de ne pas avoir à me taper la séance de nettoyage dans la rivière à 3°. Une bonne nuit là-dessus et demain, je devrais si la galerie le veut bien découvrir encore un petit morceau de territoire inconnu. Sexagédream - J3 Troisième jour et rempli d'espoir de faire une belle première, je rentre dans la cavité en fin de matinée. La visibilité est laiteuse dans la première partie, l'eau redevient redevient limpide un peu plus loin. Je continue mon tricotage, je fais des pelotes avec les lambeaux de vieux fils. Je les prendrais au retour. J'avance tranquillement, j'essaie de ne pas me vautrer dans les banquettes d'argile. Mon recycleur est positionné trop bas. La taille de la bouteille (une dix litres) et sa position empêche le Joky de se mettre en arrière. Il a tendance à « tomber » et à se positionner plus bas. Et donc l'air a tendance à sortir tout seul. C'est super pénible. D'habitude, je n'ai qu'une petite bouteille d'oxy sur le côté et je n'ai pas ce problème. Nouvelle configuration, nouveau problème... ! En attendant je joue du coude et de l'assiette pour essayer de le remonter le plus possible, pas très confortable cette affaire. J'arrive à l'embranchement, je laisse ma S80 accrochée au fil et je rentre dans la galerie. Whaooouuuuuuuuuuuuuuu... ! Le Sexagédream... ! Le rêve de continuer par le Morel se réalise.. ! Cool... ! L'eau est limpide, la faille est très belle, la roche est noire, avec un tapis d'argile blanc. La galerie serpente, monte descend, se divise, se rejoint. Superbe. Génial, j'ai 200 m de fil, ça promet. Je regarde partout, je fouille, je ne veux rien rater... ! Et la musique s'arrête, comme sur les vieux tourne disques, avec une coupure de courant. Whaonnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn... J'arrive sur un cul de sac, bourré d'argile. La fête aura été de courte durée. Je fixe le fil, je coupe. Je regarde partout. Terminus, tout le monde descend. Plus rien à voir. Bon, j'ai découvert 60 mètres de galerie. C'est pas la quantité qui compte... ! Mais quand même. Il y a de la frustration dans l'air. Je l'avoue... ! Mais la nature propose et nous, on dispose... ! Je m'en retourne, à priori je n'ai pas raté d'autres départs. J'inspecte, je scrute, je m'aventure dans les autres galeries qui connectent avec celle que je viens de découvrir. En ressortant de cette galerie, j'aperçois toujours cette hallocline. Je passe dedans et en effet l'eau est bien plus froide à cette endroit. Je ne sais pas d'où elle vient, mais elle passe par quelques part, un passage invisible... ! Je récupère ma S80 et retour vers la sortie. Je récupère les pelotes tricotées à l'aller. Si avec ça je ne me retrouve pas saucissonné avant la sortie, j'aurais de la chance. Je finis avec l'équivalent d'un ballon de foot en pelote. Un paquet commence à se défaire, je sens le piège. Je recommence et j'essaie tant bien que mal de rendre tout ça compact et cohérent... ! J'ai l'impression de retenir de l'eau dans une main ouverte, c'est à peu près la même chose. Je serre à un endroit sa part en volutes de l'autre. Mais je finis par trouver un consensus qui devrait me permettre de sortir sans être emméllé dans cette cochonnerie de vieux fils. Je ressors après trois heures de plongée, mes boules de fils ont tenu le coup.. ! Je vais revenir demain pour terminer le nettoyage et pour rendre la galerie « propre » en prévision des futurs portages pour aller ensuite plonger le « Flahaut ». Pour ceux qui n'auraient pas suivi les premiers épisodes, le « Flahaut » est un siphon dans lequel nous avons réalisé une belle première, l'année dernière. Il est possible d'y accéder par le siphon « Morel », celui qui est au bord de la route. Où par le S1, qui s'ouvre au fond de la grotte sèche. Quoi sèche, façons de parler. Car un cloaque de boue rend le portage assez pénible. Donc la poursuite de l'exploration se fera par le siphon « Morel ». Sexagédream – J4 Petite journée en prévision, juste ressortir une S80 laissée en sécurité dans le siphon et surtout faire le grand ménage dans la première partie de la galerie. Trop de fil pour au même endroit, quatre par moments. Je ne sais pas comment il est possible de poser un fil alors qu'il y en a déjà trois. Inconscience, connerie, débilité profonde. C'est dangereux pour celui qui pose ce fil de trop et pour ceux qui vont venir derrière lui. J'essaie de prendre quelques photos, je récupère mon bloc et je rentre pour la séance de nettoyage. J'ai tendu un fil neuf, comme ça je vais pouvoir enlever tout ce bazar. Tout ce passe bien, au début. Ca commence à se compliquer lorsque les fils mous se mettent n'importe où dans le dévidoir. Ca devient carrément sexy lorsque la visibilité tombe à zéro et que j'excave les vieux fils enterrés dans la glaise. Je ne sais plus vraiment ce que je fais. J'ai peur de prendre le nouveau fil en même temps. Non, je l'aperçois, ça va. Le dévidoir devient inutilisable, bloqué de partout, alors j'enroule les fils comme je peux autour du dévidoir. C'est vraiment la misère, la situation que tu essaies de contrôler comme tu peux, mais qui peut partir en sucette à chaque instant. Je crois que je n'ai jamais vécu un truc pareil, fricoter avec autant de pièges à plongeur dans un cloaque pareil. Ceci dit, si je m'emmêle, j'aurais le temps de gérer, en recycleur, ça devrait aller. Je n'ose même pas imaginer, un incident, autre, qui m'arriverait à cet instant. Mais bon, mon petit matériel bichonné et entretenu ne devrait pas me jouer de sale tour, pas aujourd'hui... !!!?? Faut y croire. J'ai des crampes aux bras à force de tirer, de tourner, d'emmêler. Une idée de fou me traverse l'esprit, tout ballancer et me casser vite fait mal fait. Ca serait folie, vraiment, pour moi et pour ceux qui viendrait derrière. Non, je me concentre, j'entortille à tour de bras. Ca y est ça remonte, ça sent la fin, la libération. J'émerge, dans la baignoire d'entrée. Alive... ! Je me suis sorti de ce traquenard. Je sais qu'il reste encore des morceaux, mais bon, ça sera pour la prochaine foi. J'ai quand même enlevé le plus gros. Un sacré gros paquet de fils... ! Comme ça nous pourrons faire les portages pour sortir le siphon et pour aller plonger le « Flahaut » dans de bonnes conditions. Voilà, j'ai hâte de continuer cette explo et d'aller voir si les gros cailloux aperçus lors de la dernière pointe seront juste un petit obstacle ou une « trémie infranchissable »... ? Sexagédream – Fin. Bon, je vais vous en raconter une bien bonne quand même.. ! J'ai dû vider les trois quart de mon gourbis et entasser tout ça dans la voiture. J'en ai pris du matériel, presque toutes mes bouteilles, mes recycleurs, mes lampes, trois combinaisons, des tonnes de fils, un véritable magasin ambulant. Et avec tout ça, pour la première fois depuis quinze ans que je plonge sous terre, j'ai oublié mon casque.. ! Un plongeur spéléo européen sans casque, à quoi ça ressemble... ? A un plongeur américain... ! Ha ha ha ha... ! Je plonge de temps à autres sans casque, en ballade, je trouve ça très agréable dans le fond. Mais je n'avais jamais fait d'explo la tête nue. Bon, je vous rassure j'avais quand même ma cagoule, modèle grand froid d'ailleurs. Mais pas de casque. Et j'ai même réussi à ne pas me détruire le crâne. J'ai fait attention quand même, surtout lors du retour sans visibilité. Et le pire, c'est que je vais finir par y prendre goût. En même temps, l'inconvénient, reste les zones d'ombres, avec la lampe sur la main, on éclaire pas ce que l'on tricote. L'avantage du casque et de l'éclairage dessus, c'est qu'on voit plus que bien. Là, pour faire les neouds, j'avoue que j'aurais quand même bien aimé avoir un peu plus de lumière. Mais à part ça, c'est pas mal quand même. Pas de sangle qui t'étrangle, pas de truc qui te prend la tête. Finalement... !

Exploration de Février 2013.

Voilà, j'ai quitté l'Ardèche pour la Drôme. Une semaine d'exploration à la Sexagésime. Bain de boue et crapahut et j'espère une belle explo à la clef. Le programme est chargé, topo, photos, nettoyage des vieux fils et enfin exploration. Aujourd'hui, j'ai commencé la topo du siphon Morel, celui qui part de la route. Il y a deux entrées dans cette cavité. Une haute, purement spéléo, avec un passage bien gras et boueux et une basse, en contrebas de la route qui donne accès à un siphon, qui sort après 580 mètres dans le réseau « aérien ». Si tout se passe bien, je devrais finir les relevés de ce siphon demain et passer à une autre partie... ! Pour cela j'utilise, un carnet bien évidemment, un compas sphérique hyper lisible, un ecosondeur pour les largeurs et hauteurs et un mesureur de fil « homemade »... ! J'avais testé un prototype en 2011 en Chine, mais le compteur n'était pas fiable. Cette version, plus aboutie donne des chiffres justes. Super pratique pour mesurer un vieux fil, pas métré ou mal métré.... ! Bon, je vais faire mes devoirs du soir, rentrer les données sur l'ordinateur... ! Deuxième journée à la Sexagésime... ! Comme d'habitude, rien ne se passe tout à fait comme prévu. Je devais continuer la topo, j'ai juste perdu et oublié le carnet au départ du siphon. Je réfléchis à la punition appropriée... ! Un peu de boue, de portage et de ramping demain me semble pas mal... ! J'en ai quand même profité pour déposer une bouteille de sécurité au milieu de la galerie. J'ai sorti le siphon après 580 mètres de progression pour constater une fois de plus que la remontée sur corde pour atteindre le prochain siphon à explorer, sera laborieuse... ! J'ai visité à nouveau une galerie annexe, active. J'ai trouvé la suite, mais elle est trop étroite pour passer en recycleur, même en Joky. Je reviendrais peut être en ouvert... ! Enfin, j'ai terminé le ménage des vieux fils. Il reste la poussière et des montagnes d'argile, mais là, j'abandonne.. ! Enfin, après presque trois heures sous l'eau et sous terre, le siphon de la Sexa est vraiment très joli. Un vrai bonheur... ! Troisième jour à la Sexagésime... ! Et pas une journée de faignant.... ! J'ai passé un peu plus de six heures sous terre, tout seul comme un grand. Un peu de plongée et beaucoup de spéléo. Première étape, déposer les quatre kits à l'entrée de la grotte. Elle est assez intime, les épaules passent à peine, faut négocier en finesse. Ensuite, un bon ramping pour arriver à une faille. Bien évidemment, j'ai effectué quelques allers et retours pour porter mes sacs remplis de cordes, de deux bouteilles de plongées (des quatre litres) et d'équipements divers... ! Enfin, une fois en bas de la faille, le meilleur attend l'inconscient que je suis... ! La boue, grasse, épaisse, collante...! Et enfin après une progression lente, j'ai eu le droit de plonger. Un joli petit siphon avec de belles concrétions. Bon, il ne faut pas s'arrêter sinon, la touille vous enveloppe de sa douce torpeur... ! Et là, la visibilité tombe à zéro. Ca vous met dans l'ambiance pour le retour... ! Enfin, après cette plongée mémorable, je suis allé jusqu'à la sortie du siphon Morel, celui qui part de la route. J'ai vérifié l'état de la corde et ensuite j'ai installé une Tyrolienne pour nous aider à remonter le matériel... ! Et enfin, j'ai même pris le temps et le luxe de faire quelques photographies... ! Le retour plus léger aura été presque du bonheur. Je suis ressorti à la nuit. Pour finir sur l'incontournable séance de nettoyage dans la rivière. Un vrai plaisir dans une eau à deux degrés... ! Et le pire c'est que je suis près à recommencer.. ! Après une journée de repos, les copains sont arrivés. Nous sommes allés faire la topo dans le post siphon. La première partie de la galerie reste un moment inoubliable... ! Etroit et boueux, comme d'habitude. Ensuite la partie exondée est elle toujours aussi jolie. Des concrétions un peu partout, une jolie cavité qui se mérite... ! Bien défendue par un accès difficile... ! Demain, nous allons essayer d'aller un peu plus loin et de prolonger l'exploration d'un des siphons... ! Jour de pointe à la Sexagésime... ! Avant de m'effondrer sous la couette, voici quelques nouvelles de la journée. Après environ 9 heures passées sous terre, dont environ 4h30 dans l'eau... ! Je suis rentré par le siphon bas et Hervé Cordier et Bernard Soulas par l'entrée haute. Nous nous sommes retrouvés dans la grotte. Ils m'ont aidé a sortir le matériel de l'eau et à le transporter jusqu'au départ du siphon Flahaut. A partir de là, je suis parti seul, trois heures dans les profondeurs de la montagne d'Angèle. Bilan des courses... ! Après le franchissement scabreux d'un éboulis pas très stable, je suis ressorti dans une belle salle. Une cascade impressionnante se déverse dans le siphon. La suite devra se réaliser en escalade artificielle... ! J'ai aussi jonctionné une galerie sèche découverte il y a deux dans. Et enfin, j'ai exploré jusqu'à un point impénétrable une galerie annexe. Environ 160 mètres de galeries découvertes. Voilà, nous reviendrons, pour terminer la topo et sans doute essayer de poursuivre l'exploration de cette cavité... ! Des petits mètres de première mais qui se méritent... !

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