Résurgence de la Dube ou source de Cul Froid. Dehors.
Cul Froid. La vasque.
Cul Froid. Dedans.
Topographies
Résurgence de la Dube dite source de Cul Froid.
Situation : A partir de Mérigny, prendre la D 43 en direction de Fontgombault. Prendre la D 50 à gauche en direction de Fournioux/Lurais. A environ 380 mètres, après l'embranchement et après avoir longé l'Anglin, charmante petite rivière berrichonne, tourner à gauche sur le chemin qui descend vers l'eau. La résurgence se trouve en bas du sentier à environ 50 mètres La résurgence en contre bas de la route, s'ouvre aux pieds d'un talus rocheux et elle se déverse en cascades dans l'Anglin. La vasque, peu profonde (1.8 m), laisse échapper une eau claire et fraîche. Des écoulements mineurs se répartissent sur la droite de la vasque. Pour ceux qui préférant la pêche, l'Anglin regorge de sandres, de silures et de brochets. A chacun son plaisir. Historique : En 1967, Bertrand LEGER (et oui, encore lui !) plonge pour la première fois à Cul Froid. Il s'arrête à la seconde étroiture. En 1972, une coloration est effectuée dans la grotte de la Roche Noire où des pertes de l'Anglin forment une rivière souterraine. (C LORENZ et le Spéléo Club Chatelleraudais) Trente trois heures plus tard les eaux de Cul Froid se teintaient de vert. Ca communique ! En 1987, la vasque s'est rebouchée et la tentative d'y replonger échoue. (P JOLIVET, T DELAGE, T BOUE). Arrêtez de lancer des cailloux dans l'eau ! ! ! En 1989, nouvel essai, nouvel échec.( SC Chatelleraudais) Un déblayage à la pelle mécanique, pas moins, est entrepris et l'étroiture d'entrée est enfin libérée. Tu m'étonnes. ! ! ! ! A l'automne, soit 22 ans après LEGER, T DELAGE en bi 9 litres décapelés, parvient non sans mal au terminus. Une semaine plus tard, trois plongeurs reviennent à l'assaut des deux étroitures. JP PEDERGNANA et T BOUE passent la première. T BOUE déblaie la seconde, la franchie et s'arrête 2 mètres plus loin sur un important dépôt glaiseux, soit dans une touille monstrueuse. En décembre, JP PEDERGNANA et T BOUE s'en retournent dans les eaux glacées de l'Indre, à cette période. T BOUE franchit à nouveau la seconde étroiture, il avance de 10 mètres environ, fixe son fil tant bien que mal, aperçoit un croisement et s'en retourne dans la purée de poix. JP PEDERGNANA échoue sur l'étroiture. Neuf jours plus tard, T BOUE plonge seul et ajoute 10 mètres de plus à son précédent terminus. Longueur totale développée, environ 40 mètres. A partir de 1999, Pierre-eric Deseigne et les Bulles Maniacs poursuivent les explorations et lèvent une topographie de la cavité. Ils se sont arrêtés en 2006 à 580 mètres de l'entrée et à 72 mètres de profondeur devant une étroiture que pe deseigne n'a pas pu franchir... ! Description : Cette résurgence est une résurgence ingrate que l'on peut qualifier de difficile. L'alternance d'étroitures, parfois sévères, d'une visibilité qui devient nulle, de laa grande friabilité de la roche et de la profondeur rend les plongées assez compliquées. L'entrée dans la source commence par un premier rétrécissement assez sévère. On ressort dans un volume noyé un peu plus spacieux avec la présence de racines au plafond. Une seconde étroiture attend le plongeur 25 mètres plus loin, elle aussi assez sportives. Le plongeur descend ensuite dans un puits qui donne axé à une petite galerie où le courant est assez marqué. La galerie prend des proportions un peu plus généreuses dans la zone des 30 mètres, on atteint un premier point bas à -36 mètres. La galerie remonte dans une faille assez étroite pour conduire ensuite vers une galerie assez basse. Le passage d'une nouvelle étroiture dans un amas de blocs conduit à une autre salle et à une autre étroiture, un trou dans le plancher. A cet endroit, un autre passage sur la droite permet aussi de rejoindre la suite de la galerie. La profondeur moyenne est dans les 20 mètres. A 220 mètres environ, une nouvelle étroiture assez intime, dans la roche se présente.A 240 mètres, on atteint un point haut de -9 m. La progression continue ensuite sans encombre dans une galerie aux dimensions modestes. Après les 300 mètres, la galerie s'enfonce assez rapidement pour se prolonger sur une pente de sédiments. On atteint la profondeur de -59 m sous une voûte assez basse. Ensuite on remonte le long d'une pente d'argile spectaculaire dans une salle assez imposante qui remonte si ma mémoire est bonne jusqu'à -6 m. La profondeur moyenne est alors de -40 mètres. La progression se fait dans une alternance de salles noyées, au dessus de montagne d'argile. Dans la quatrième salle un passage assez étroit derrière une dune donne accès à la suite du réseau, une galerie assez intime s'ouvre après quelques mètres dans la salle terminale. La suite se situe à nouveau derrière une dune d'argile. La galerie continue mais dans des proportions impropre au passage d'un plongeur, à – 72 m et à 580 mètres de l'entrée. Une visite de la salle terminale serait utile afin de chercher un éventuel et hypothétique autre accès à la suite du réseau.. ! Le retour se fait en général dans une visibilité presque nulle, ralentissant notablement la progression. Cette progression est déjà très lente à l'aller, franchissement d'étroitures, courant assez violent, galeries étroites. Karstologie : La Fontaine de Cul Froid, aussi appelée résurgence de la DUBE, s'inscrit dans le réseau de la " Roche Noire " où l'Anglin perd une partie de ses eaux et forme une rivière souterraine qui se termine par un siphon. Le débit de la perte est inférieur à celui de la résurgence. Donc un autre (ou d'autres) apport alimente le flux. La roche est composée de calcaire à silex de l'Oxfordien moyen. Un système de failles axées Nord Sud se remarque au niveau des Rochers de la Dube. (constitués de calcaires récifaux de l'oxfordien supérieur). Une faille plus prononcée, sud-est nord-ouest, traverse le lit de la rivière à cent mètres en amont de la résurgence. Une fracturation semble se superposer au parcours éventuel des eaux. Bibliographie : La grotte de la Roche Noire. J et C Lorenz. 1984. L'association des amis de Mérigny. Plein Gaz. (Bulletin Périodique du CLAC). N°11 1989/190. Plein Gaz. (Bulletin Périodique du CLAC). N°09 1987. Plein Gaz. (Bulletin Périodique du CLAC). N°08 1986.
Les explorations.
Les explorations 1999.
Juillet : Dix ans plus tard, délaissant les festivités et les lampions, première plongée dans la vasque. De nombreux rochers, petits et très gros, encombrent le passage. Des dalles de ciment se mêlent à ce foutoir minéral. Un nettoyage commence avec un bi 12 litres sur le dos, pas très confortable ! Il est possible d’entrevoir la continuité mais une colonne et les nombreux cailloux interdisent l’accés au conduit. La galerie et de forts dépôts de vase et d’argile sont visibles. Un courant marqué pousse le plongeur vers la surface, pas assez pour le décourager. Petite désobstruction. Août : Temps pluvieux mais cœur heureux, nous revenons sur place. Deux plongées sont consacrées à désobstruer l’entrée, facilitées par l’utilisation d’un narguilé et d’un seau en métal. Ces quelques heures de travail ouvrent le passage. Sous une pluie battante, nous troquons la combinaison en néopréne contre une toîle, moins encombrante. Sanglage à l’anglaise, bi 7 litres en place, le plongeur accroche le fil et il se glisse dans l’étroiture, très étroite et très viscieuse. Ca racle de partout mais ça passe. A l’époque, nous ne connaissons pas l’historique de la cavité et nous osons croire dans un élan d’optimisme naïf à la virginité des lieux. La galerie se prolonge, pas de fil en place. De la première ! Whaouuu ! Quel pied ! Des tonnes d’argile dégringolent du plafond. Moins drôle ! La progression prudente dans cette conduite intime s’impose. La visibilité est bonne tant que l’on avance. Derriére, c’est le brouillard total, la soupe à la bouillasse. Le retour s’avére des plus folichon. Au bout de 10 mètres, on arrive dans une salle où une longue chevelure de fines racines se balance dans le courant. Du plus joli effet, elles ondulent langoureusement. Imaginez un retour sans visibilité, voir sans fil et la rencontre avec cet écheveau fillamenteux ! Deuxiéme surprise, un fil cassé et vieux, traîne au plafond. Plus de première. Mais le plaisir ne faiblit pas. La seconde étroiture se présente, toute aussi accueillante et chaleureuse. Encore là, des éboulis de blocs noirs encombrent l’accés. A priori pas franchissable. Sauf peut être pour un super cador, une grande pointure, un dieu de la plongée spéléo. Quoi pas pour nous ! La tête casquée s’enfonce le plus loin possible. Un fil bien tendu et tout aussi vieux s’en va et nargue le plongeur timide et prudent. Bravo pour le prédécesseur qui a pu se faufiller dans ce trou de souris. A oui, pour bien situer le contexte psychologique des plongeurs, chaque mouvement noie la galerie dans d’épais nuages de touille. Les manos sont à peine lisibles. Le reste du temps et les deux autres plongées seront consacrées à élargir une fois encore l’accés à la suite. Les retours comme prévu, s’effectuent au fil. Comme nous l’aimons, ce bon gros fil tendu, blanc et solide. Les sorties dans la pénombre totale (les lampes sont pourtant allumées) sont sportives. L’étroiture d’entrée (et de sortie) oblige le plongeur a se contorsionner en Z pour pouvoir enfin regagner la surface. Les bequets se jettent sur les tuyeaux et autres fils, un régal. Nous aurons même droit aux applaudissements chaleureu de randonneurs intrigués. Le rouge monte aux joues, heureusement dissimulées par la cagoule. Qui a dit que les spéléos étaient les travailleurs de l’ombre ? Septembre : Après avoir glanés des informations sur la résurgence, nous voila de retour. Bien décidé à aller voir de l’autre côté ce qui si passe. Deux objectifs sont fixés : le premier est d’aller le plus loin possible, tient c’est étonnant ! Le deuxième est de réduire, d’atomiser, d’éparpiller la première étroiture. Non mais ! Première plongée. C’est reparti, pieds en avant, cahin caha, ça passe. Le fil se déroule et nous suivons du coin de l’œil l’ancienne cordelette, teinté par le temps. Elle s’arrête en effet rapidement. Ca y est, à priori, on pointe. Dépucelage de première, il était temps. Le palpitant s’excite. La galerie s’élargie confortablement (4 x 1), les talus d’argile aussi. Dix mètres plus loin, le sol se dérobe et un beau puit de 5 par 3 mètres s’ouvre sous nos yeux incrédules. Chaque amarage souléve des volutes de poussiére. Descendre, encore et encore. Arrêt à - 17, sur autonomie. Déjà ! Nous appercevons la suite, plus bas. Retour dans la mouise, compléte. Instruments totalement illisibles. Amour démesuré pour le fil blanc. Nous déséquipons l’ancien fil, c’est plus prudent, vu le contexte. Entre temps, l’étroiture d’entrée se vide rapidement des monceaux de cailloux inutiles...Cela devient de plus en plus présentable. Seconde plongée du week end. Un fil mètré et étiqueté est mis en place, le précédent sera enlevé au retour. Tant pis pour la visi, nous fonçons plein pôt vesr le puits. Bille en tête, nous dégringolons vers le terminus de la veille. Dépassé, nous atteignons le bas du puit vers 21 m. Cul de sac ? Non, à gauche, plein ouest, une ouverture permet de continuer, toujours en pente, le plongeur se faufile à travers ce rétrécissement. Un virage à gauche, nous remet vers le sud, à nouveau. La galerie découpée de 2 x 3 m est constituée d'une jolie roche marron. Et toujours autant d'argile... A -25, la galerie débouche sur un deuxième puit. La pente s'enfonce, vision jusqu'à 32 métres environ. Ce sera pour une autre fois, hélas. Le temps du retour a sonné. Amarrage du fil, - 27, un dernier coup d'œil et demi tour. Retour dans la crasse absolue. Ca cogne souvent, merci le casque. La joie innonde l'esprit. Après cette course de 60 mètres, cette modeste première suffit à nous enchanter. Bien que jugée impénétrable et stressante, cette petite résurgence à l'aspect féerique mais peu prometteur semble pourtant vouloir offrir un potentiel sous estimé. Nous sommes parvenus à dégager l'entrée des blocs superflus, d'une pente instable, d'une arche de pierre fissurée et d'une colonne sans pieds pendu en son milieu. La feue première étroiture laissera dans les souvenirs de ceux qui l'ont connue, un souvenir inoubliable. Bilan très positif. Mais les traditionnelles questions sur la suite affluent! Le mélange profondeur croissante/ étroiture/manque de visibilité, permettra t il de progresser encore longtemps? Enfin les avis divergent sur ce trou, qualifié injustement par certain de pire trou de chiotte jamais vu dans toute vie de spéléo et de plein de charme par les autres. Pour conclure et sans vouloir jouer les gros bras, ce jolie petit trou de chiotte ne sera jamais une classique, jamais un siphon école, jamais un siphon à touristes, jamais une plongéee à prendre à la légére. Les plus alarmistes pourraient le qualifier de très dangereux, tout est relatif. Ou lui donner une notte de six sur une échelle de sept pour la qualité supérieure de sa touille. Ils n'auraient pas vraimnet tort. Comme le disent nos mamans et nos femmes avant chaque départ : "fait bien attention à toi, mon petit". Cela a le don de nous énerver et pourtant, elles ont raisons. Octobre : Avant dernier week end d’octobre, délaissant femme, enfants et copains je retourne une fois de plus dansl’Indre. Seul pour mener à bien la suite de l’étude sur le prolongement de cette cavité. Départ le samedi matin de bonheur, la voiture remplie par la quantité phénoménale de materiel. Vous connaissez ! Après un passage au marché local pour effectuer le plein de fromage de chévre, je rejoins la vasque sous une pluie battante. La France entière est submergée par la pluie, les siphons sont en crues un peu partout et je m’appréte à vivre une désillusion certaine. La Creuse et l’Anglin charient des flots marrons attestant des quantités d’eau importantes tombées ici depuis une semaine. Je range la voiture et descend le chemin, impatient de savoir! Tout va bien. Miracle ! Cul Froid ne bouge pas, débit régulier à peine plus prononcé qu’à l’habitude. Superbe. Je sorts le materiel et je m’équipe rapidement, entre deux averses. Je n’ai pas le temps de fermer ma combinaison et la pluie se remet à dégringoler. Que c’est chouette la plongée à l’automne. Je monte les détendeurs sur les 12 litres, sanglages à l’anglaise et mise à l’eau. Le fond de la vasque est recouvert d’une fine pellicule de vase, arrétée par un barrage construit par des inconnus avec une partie des blocs sortis de l’entrée. Des cailloux jettés par des promeneurs inconscients du travail epuisant, encombrent dèja l’accès à la galerie. Impatient d’en “découdre” avec Cul Froid, je purge le vêtement et je me faufile sous la voute rocheuse. Rien n’a changé, je retrouve la vase et cette fois ci une visibilité douteuse. Pourquoi ? Est ce liè aux averses ? Non, juste au dessus de l’étroiture, une équipe de petits poissons besogneux fouillent le substrat en quête de je ne sais quelle nourriture ? Les cochons, je n’ais pas besoin de cela. Pieds en avant, je me glisse laborieusement à travers le rétrecissement. C’est parti, je dégringole dans le puit et file rapidement au dernier terminus. J’en profite quand même pour effectuer des relevés topographiques. Je retrouve enfin mon fil à –26 mètres. Je le raccorde au dévidoir et je glisse au dessus du talus d’argile.. Je trouve facilement des amarages. Pas toujours d’une solidité exemplaire. Ils cédent parfois sous la première traction de l’élastique. Roche assez friable ! Pose du fil et topo, telles sont les deux mamelles du plongeur spéléo. La galerie s’enfonce réguliérement et conserve des dimensions relativement confortables pour l’instant. (2 m x 3 m environ). Je m’arrête sur autonomie à –36 mètres dans une sorte de salle assez large où la suite est clairement visible sur la gauche, plein Est. Le dévidoir planté dans la vase, je coupe le fil et je m’en retourne à mes fromages de chévres. Auparavent j’effectue des paliers dans l’étroiture, callé à 6 métres et ensuite à 3 mètres aux côtés des petits poissons currieux. Ils me tiennent compagnie et s’approchent de plus en plus. Bien évidemment le retour jusque là s’est effectué dans la touille totale. Instruments illisibles dans l’étroiture. Après une overdose de fromage et une bonne nuit réparatrice je remets ça le lendemain matin. Chacun son cérémonial dominical. Je parts avec mes deux douze litres, toujours montés en latéral, plus un relais 6 litres. Il m’accompagne jusqu’à –23 mètres ou je le dépose soigneusement (détendeur accroché et robinet fermé), mousquetonné au fil. Je continue la topo et retrouve mon dévidoir là ou je l’avais oublié la veille. Je raboute le fils et continue mon avancé, je me trouve à 100 mètres de l’entrée. Au bout de 10 mètres environ, j’arrive aux pieds d’une pente d’argile.Elle se dresse rectiligne et m’invite à la survoler et non à la labourer. Ca remonte sec.! La faille se rétrécie et semble finir en cul de sac (à merde de vase!). Je reviens sur mes palmes tout en continuant la remontée. Un nuage d’argile me dégringole dessus, décroché du plafond par les bulles. Cela confirme l’abscence de suite active de ce côté là. A 26 mètres une galerie part perpendiculairement vers le sud. Je m’y engouffre, direction le Sud. La promenade se termine, j’arrive sur mes limites d’air et à la fin du fil. Le dévidoir est vide. Je me trouve dans une salle assez vaste pour cette résurgence. Une galerie au diamétre nettement plus intime part sur la gauche, plein Est. Un superbe monticule d’argile occupe une bonne partie de l’entrée. Le courant est assez faible, il devrait peut être y avoir un autre conduit ????? Suite au prochain épisode. Quelle série trépidante! Comme toujours, retour dans la touille magistrale. La plongée de l’après midi sera consacrée à la prospection plus appronfondie dans la premiére partie de la galerie, jusqu’au bas du puits. Pas de surprise (pas de départ!) J’en profite pour nettoyer l’étroiture des blocs inutiles et génant pour le passage. Bilan de cette exploration : 130 mètres de développement, point bas à 36 mètres et peut être une suite qui se présente soit par une galerie très intime ou par un autre départ manqué ? Nous reviendrons! Décembre : Comme d’habitude, le samedi à la premiére heure, courses au marché du Blanc pour effectuer le plein en fromage de chévre. Nous arrivons à la source en milieu de matinée pour constater que l’Anglin est en crue. Le niveau de l’eau est carrément monté de 2 ou 3 mètres et les eaux de la source se mélange à celle de la riviére. La différence de colloration entre les deux eaux est très nette. Le débit de la source retse constant sans différence marquée par rapport aux précédentes visites. Samedi matin. Première plongée, en bi 12 et relais 7 litres. Le passage de l’étroiture avec tout ce materiel est toujours aussi pénible, longue et fastidieuse. Le terminus est ateint rapidement. Je fixe le fil est me glisse sur le talus d’argile qui obstrue en grand epartie la galerie de gauche. Je me glisse dans ce conduit comme un supositoire là ou vous savez. Je parviens à passer au trois quart de l’autre côté pour constater que la galerie est courte et rapidement colmaté par un éboulis. Je m’extirpe laborieusement de cette tombe, dans une visibilité nulle. Je me retrouve dans la salle et dépité de ne pas avoir trouvé la suite de ce côté ci, je m’avance vers le fond de la salle pour m’assurer de ne pas passer à côté de quelque chose…Bien m’en a pris car la suite se trouve ici. Un ouverture encombrée de blocs se présente dans le plafond et le sol remonte d’une manière asez marquée. Il va falloir deblayer un bon coup pour passer. Pas de probléme pour pousser las cailloux, entre Font Vive et Cul Froid, nous commençons par avoir de l’entrainement. Je deblaye autant que je le peux. Le passage se dégage rapidement, mais l’alarme symptomatique cérébrale des tiers vient de retentir. Ou lalala, il est grand temps de rentrer. Je fixe le dévidoir en urgence et m’en retourne en trombe vers la sortie. Je ne vous parle plus de la visibilité comme d’habitude toujours d’aussi mauvaise qualité. Si le débit ne change pas, les conditions de vison au retour non plus. Deuxième plongée, en bi 10 et relais 7 litres. Arrivée au terminus les doigts dans le nez. Le passage partiellement dégagé est ouvert. La suite se trouve là. Une montée prononcée nous emménera plus loin, demain car le temps du retour est arrivé. Paliers à l’oxy et sortie entousiathe de cette petite progression. Nous chercherons demain la suite. Samedi après midi. Visite à la grotte de la Roche Noire. Nous fixons une echelle et une corde pour descendre dans la faille. L’eau dans le réseau est de la même couleur que l’Anglin en plus croupie, du plus pur style eau de chiotte mélangée à l’eau de lessive. Le réseau est très boueux, nous parcourons la première partie. Un sifon limpide mais avec une couche d'argile épaisse au sol est assez accueillant. Nous remontons après cette visite de reconnaissance. Le sifon terminal sera visité la prochaine fois avec peut être une plongée selon les débits… Dimanche matin. Première plongée. Retour au passage fraîchement ouvert. La montée marquée conduit en haut d’un bon gros talus d’argile, un de plus. Il se situe dans une sorte de grande salle ou là encore pas de suite évidente se présente. Des ébauches de galeries se discernent par ci par là, mais sans rien de concluant. Après avoir effectuer un tour du propiétaire, le temps du retour a sonné, encore une fois. Le fil est attaché, le dévidoir est enfoncé dans la vase, bien comme il faut… Ca ressemble un petit peu au fil à découper le beurre cette histoire. Classique retour au touché dans la Touille. Deuxième plongée. Récupération du dévidoir, après avoir arraché le fil à la motte de vase, il ne semble pas en effet y avoir de suite dans la zone du sommet de la motte. Dégringolade au pieds du monticule. Là une sorte de passage en forme de bouche entrouverte ou de fente de tirelire se présente dans le sol. Pas de quoi rigoler, un enfant avec un biberon aurait du mal à s’y glisser. Heureusement la roche est friable et elle se casse facilement. Mais les précieuses minutes défilent encore une fois dans ce travail de désobstruction et la progression s’en trouve encore ralentie. Le passage à travers le plancher est possible. On tombe dans une vaste galerie de 3 x 5 environ. L’eau est laiteuse mais la visibilité reste bonne et le courant est marqué. La bonne route…! Arrét sur autonomie à environ 250 mètres de l’entrée, la galerie remonte légérement. Retour rapide, récupération du relais 7 litres. Déco à l’oxy dans l’étroiture. Pour éviter une autre plongée, je resors avec les 2 douze litres, le 7 litres et la bouteille d’oxy. Un peu chargé mais ça va le faire….Au moins j’ai du gaz de réseve. J’arrive au passage pour sortir de ce fichu trou de sourie. Je tente plusieurs fois de m’extrère de ce merdier, mais en vain. Je pose les blocs, les pousse un peu. Je me dis que je suis réelement qu’une grosse merde de parisien incapable de gérer ce genre d’étroiture. Non là y a pas de doute ça ne passe pas. Rien à faire, le passage est là, étroit, tellemnet que même une super ponture n’y arrivearit pas….Je ne vois qu’une chose, le plafond c’est effondré, obstruant partiellemnt le passage. Alors à ce moment là, tout s’accélére dans la caboche. L’éclair effroyable de se sentir coincé si prés de la sortie illumine mon cerveau. Cette fois ça y est, j’y suis dans la merde. Je ne comprends pas ce qu’il se passe. Je pense à ma femme et à mes mômes. Et j’ai pas envie de rester là. Tout ça en quelques centièmes de secondes. Bon ça va je suis juste à 4 mètres de profondeur, j’ai 2 douze litres à 120 bars, et deux 7 litres, un 50 barset l’autre à 70. Je peux tenir un siège. Je glisse sur la droite et enfin trouve le passage. Quel con! Le plafond n’a pas bougé. C’est le fil qui s’est déplacé. En voulant assurer un meilleur amarrage je l’ai poussé sur la gauche sans me douter que j’allais le positionner dans la partie étroite du passage. Enfin, j’expulse les deux blocs et je m’arrache de là. Belle peure mais aussi c’est là que l’on se rend compte de l’importance vitale du sang froid. Conclusion de ce mini camps, encore du fil e tiré, encore du développement possible. La spéléo plongée semble encore avoir de l’avenir à Cul Froid et c’est tant mieux. La prochaine visite sera consacrée en priorité à élargir l’entrée et surtout l’étroiture. D’une part on ne va pas se laisser emmmerder longtemps et ensuite cela semble indispensable pour l’ avenir de l’exploration du réseau. Les besoins en gaz augmentent pour l’exploration et pour la déco. Enfin pour sécuriser un peu plus l’ensemble, il sera plus confortable de passer à l’aise dans cet endroit, aussi bien pour le corps que pour l’esprit. Donc marteau et burin pour la prochaine fois. Ensuite et en paralléle, la topo compléte du réseau sera effectué afin de mieux connaître l’ensemble de la cavité et de pouvoir mieux se situer à chaque endroit de la progression. Surtout pour le retour aux instruments.
Les explorations 2000.
Janvier : Première plongée de l’année dans la source. Le niveau de l’Anglin est haut mais sans recouvrir l’émergence. Le samedi matin nous nous répartissons les tâches. Equipe n°1 au gonflage, équipe n° 2 à la quête des fameux et mythiques fromages de chèvre…. ! Chacun son Graal. Enfin après les traditionnels et rituels préparatifs, nous effectuons une première plongée. Un bloc d’oxy est déposé pour les paliers. Un autre plongeur, valeureux topographe est parti relever les mensurations, parfois généreuses de la galerie. Un autre besogneux, armé d’un marteau et d’un burin (chacun ses symboles) entreprend l’élargissement et le «nettoyage » de l’étroiture. Ceci ne va pas améliorer la visibilité, momentanément. Pour le passage, en revanche ça s’améliore… Comme quoi il ne faut pas désespérer...! Une inspection plus approfondie de l’étroiture dans sa partie gauche est effectuée. En effet c’est étroit et boueux… Et nous confirmons, rien à signaler par-là bas. Tant mieux. Je vous passe le menu du midi et les non moins traditionnelles agapes paillardes et avinées. L’après midi, réconfortés par les trésors culinaires franchouillards, nous revêtons nos plus beaux habits spéléo et tels les quatre fantastiques, nous descendons dans la Grotte de la Roche Noire. (PS : pour ceux qui n’auraient pas suivi les précédents épisodes, la Roche noire ou La Poirelle est une perte de l’Anglin qui alimente modestement Cul Froid). Guidé par un spéléo accompli, nous fourbissons nos premières armes sous terre. La mutation continue. Du scubaba nous sommes devenus spéléoplongeurs (bien que certains doutent encore de nos capacités et de notre engagement moral réel à la Sainte et Noble Cause…). Et de spéléoplongeurs, nous allons peut être enfin finir en spéléo tout court (il y a encore un peu de boulot…) Qui après cela peut encore émettre le moindre doute sur l’évolution des espèces… ? Bon, après le franchissement laborieux du fameux et célébrissime « Boyau Merdeux » (étroit, glaiseux, gluant, collant, superbe quoi..), Nous parvenons enfin au siphon terminal. Merci au séléo du coin pour avoir désobstrué ce sphincter délirant. La perte de l’Anglin se traduit par un filet d’eau mince et chétif. Quant à l’eau, elle ressemble exactement au liquide des stations d’épuration…C’est cool la plongée…Ici au moins nous sommes tranquilles, aucun risque de voir débouler un charter de plongeurs en goguette. La prochaine fois, nous viendrons avec un équipement de plongée et tenterons de violer pour la première fois ce verrou liquide (comme on dit dans le milieu….) Le dimanche matin, après la fameuse et toute aussi célèbre bonne nuit réparatrice, une petite démangeaison titille certain. Le syndrome chronique du tirage de fil. Ne pouvant résister, poussé par la curiosité et par le désir impérieux d’aller plus loin, on va tirer un bout…C’est reparti, bi 18, relais 7 litres, ça avance. Dépassement du dernier terminus à 150 mètres. La galerie s’élargit et remonte lentement. Arrêt à 220 mètres sur une pente ascendante, profondeur – 26 m. Comme toujours et sans surprise, demi-tour dans la touille, retour à fond les ballons pour limiter au maxi les temps de paliers, et pour ne pas traîner dans ces endroits si peu fréquentables…La zone d’évolution est comprise entre 36 et 26 mètres. Pas de quoi fouetter un plongeur mais suffisamment pour rester une bonne demi-heure à somnoler sous la roche. Comme d’habitude, notre barbu topographe a continué sa noble tâche. L’explo avance lentement mais comme on dit de l’autre côté des Alpes, qui va lentement, va sûrement. Avril : Cul Froid me revoilà ! Seul. (En milieu de semaine, les candidats à la touille sont rares.) Programme : deux plongées, une par jour. Quel programme ! La première sera consacrée à vérifier le fil et à l’assurer jusqu’au terminus. La seconde sera pour la topographie. Je pars avec deux 18 litres et un 12 litres en relais, le tout gonflé à 230 bars avec un nitrox 30%. On va limiter la casse pour les paliers. Au passage, je dépose un 12 litres d’oxy. La visibilité est excellente, 10 mètres environ, du jamais vu…Le fil n’a pas bougé, les amarrages sont doublés, traductions dans les deux sens, ça semble tenir. La roche reste toujours aussi friable, des blocs de 70 cm x 80 cm environ se décrochent sans prévenir. Une petite traction de fil par exemple ou une main qui se pose. …. Je tends le fil jusqu’au bout et observe quelque temps la salle du terminus actuel. Une butte d’argile ouvre sur le noir et la roche au-dessus de ma tête remonte à la verticale et se perd dans la nuit. Je reste perplexe devant la taille de cette salle. Il va falloir trouver la suite dans ce bazar. Voilà que maintenant Cul Froid ressemble à une cathédrale, on aura tout vu… Je reste aussi perplexe face à l’étroiture à 132 mètres de l’entrée. Celle ci est jonchée et à demi fermée par des éboulis et un tas de gros blocs en équilibre. Il va falloir faire le ménage te sécuriser tout ça. J’ai pas envie que l’on finisse emmuré… A part ça tout va très bien. J’ai passé la moitié de la plongée à me demander ce que je foutais là, à me demander si je n’allais pas tout laissé tomber. Si avec deux mômes, ce n’était pas sérieux de venir risquer sa peau dans des coins aussi pourri que celui là. Et puis après un arrêt méditatif de quelques instants, l’orage est passé. Pour la plongée, j’avais prévu large. 50’ allée, 50’ retour. 40’ de déco. Qui peut le plus, peut le moins, comme on dit. Temps de plongée 45’, à une profondeur moyenne de 26 mètres. 10 minutes de palier à l’oxy et 8’ d’oxy aussi pour rejoindre la surface. Je suis ressorti avec 130 bars dans chaque bloc. Certains pourraient dire, tout ça pour ça. Ouhai ! Ouhai ! Le jour (si jour il y a) ou j’aurais à chercher le fil (peut être sans lumière qui sait…) dans ce merdier, j’aimerais avoir assez d’air pour non seulement le retrouver mais en plus pouvoir sortir…. Car autant certains endroits sont étroits, autant d’autres sont très vastes et compliqués. Alors peu importe… Le lendemain, comme prévu, je topographie 40 mètres de galerie. Je pars avec deux 18 litres et 2 relais 7 litres, toujours au Nitrox. Il pleut toujours des cailloux. Croyez-moi, l’Indre n’est pas une région tout à fait comme les autres Donc topo. C’est super la topo. Quel pieds. Nous sommes passés des dizaines de fois comme des bourins à un endroit sans réellement nous demander à quoi il ressemblait. Il s’agit juste d’une salle de 10 mètres de long par 9 de hauts et de 2 mètres de large. Pas mal pour un trou de chiotte ou l’on plonge à l’Anglaise. Ben tient, bien obligé avec cette saloperie d’étroiture…. Ah oui, c’est vrai ! Autre surprise, je surprends une écrevisse de belle taille en goguette, à plus de 100 mètres de l’entrée. Je vous assure c’est sympa. Bon je vous jure, il n’y en avait qu’une. Alors je l’ai laissée là. Pas assez pour se faire un festin. Enfin au petit jeu du double décamètre, vous avez gagné une seconde salle grande et généreuse. Confirmation de la bien nommée salle du toboggan. Plus de 14 mètres de long, de – 35 mètres à – 26 mètres. Une superbe faille sans issue. Ce qui est bien dans ce genre d’endroit, c’est qu’avant même de toucher le plafond, vous savez que vous y êtes car vous ne voyez plus rien. Ah oui, il pleut de l’argile aussi dans l’Indre. Bon voilà comme d’habitude (comme c’est bon les habitudes pantouflardes, les mécanismes bien réglés…) Retour plein pot. Coups de boule dans les cailloux. Merci le casque. Temps de plongée 45’, déco au surox, 3’ à 6 mètres et 15’ à 3 mètres. Je ressors avec 140 bars dans les 18 litres et les deux 7 litres sont à 30 bars. Tout ça ! et wouiiiiiiii. De toute façon, j’avais pas envie de moisir trois plombes aux paliers. Bilan : un fil tendu, c’est chouette, la topo c’est super, car après on fait de joli dessins. Et surtout, on connaît un peu mieux son joli petit trou trou. Petite introspection nombrilisme… ! Et en cas de perte de fil, trouillomètre à zéro, palpitant aux taquets, je pense que cela peut aider un shouilla. Enfin, la prochaine fois, on boucle la topo et on tire un max…… J’ai le dévidoir qui frétille, le kavatch qui se dilate. Et j’oubliais tout de même le plus important. Je suis allé au marché, chercher ma dose de fromage de chèvre… Avril (Pâques) : Le plongeur et le plongeur spéléo en particulier vit une histoire intime avec l’eau. Il la chérit plus que tout, elle est sa meilleure amie, pour elle, que ne ferait-il pas ? Des centaines, voir des milliers de kilomètres, abandonner le foyer familial, dépenser des fortunes, risquer sa vie même….Mais comme l’eau est très capricieuse, elle lui rend parfois bien mal cet amour. Cul Froid se laisse désirer et l’Anglin, la rivière qu’elle surplombe de quelques centimètres, s’allie à elle pour entraver nos efforts. Ce week-end s’annonce prometteur. La première journée se passe bien, dépose d’un relais au terminus, découverte d’une salle imposante qui remonte jusqu’à –7 mètres, soit 19 mètres de haut, de mieux en mieux. Le bloc d’oxy est déposé. Je pars effectuer une bonne petite séance de topo, mais mon phare me lâche, demi-tour après avoir laissé mon relais 7 litres pour la prochaine fois…. Le lendemain, en pleine forme et prêt à tous les exploits, nous découvrons avec stupéfaction que l’Anglin, est monté de plus de 2.5 mètres dans la nuit. Il recouvre la source, une crue balaise. Le chemin pour descendre à la résurgence est inondé à moitié…. Et pourtant, Cul Froid ne semble pas touchée par la brusque monté des eaux. La résurgence dort, la surface est lisse et plate comme une toile cirée à cet endroit…. Un plongeur s’équipe et se met à l’eau pour voir si malgré tout, c’est plongeable… ? L’eau ou plus exactement le liquide maronnasse, infâme et innommable….Le plongeur glisse jusqu’à l’étroiture. Aucune amélioration ! Zéro visibilité, impossible de lire les instruments. Pour le courant, rien. Encore moins que d’habitude… L’Anglin semble plutôt se déverser dans la cavité, contrarier son flux et « polluer » ses eaux (si limpides en temps normal…) Donc dans ce contexte si enchanteur, demi-tour. Pointe, topo et toutiquanti annulés…. Le cœur brisé, nous partons prospecter d’autres objectifs pour des jours meilleurs…. Le lendemain, nous partons à l’aube pour constater que l’amplification de la crue. Le niveau de la rivière a encore monté. Il atteint maintenant 3.10 mètres au-dessus du niveau normal Nous décidons d’abandonner tout le matériel dans la galerie et de rentrer chez nous. Pas la peine de risquer un carton pour quelques blocs…. Pour info, lors de la tempête du 26/12/1999, la rivière est montée de 4.6 mètres…. ! Donc nous reviendrons et ce n’est pas ces quelques contre temps météorologiques qui auront raison de notre motivation…. Bien que je me pose la question : Cul Froid ne serait-elle pas protégée par un esprit capricieux ? N’habite t il pas la source et ne la protège t il pas des trop impétueux envahisseurs ? Moi je vous le dis, il y a de la sorcellerie dans tout ça…. ! Episode 8 bis…. Nous revenons à deux, deux jours plus tard pour sortir tous les blocs. La crue s’est arrêtée aussi vite qu’elle est apparue. La visibilité est assez moyenne, le débit plutôt soutenu. Nous récupérons les blocs laissés cinq jours plus tôt. Ils sont fortement couverts de vase mais après un bon nettoyage, ils retrouverons leur première jeunesse. Je démonterais tous les deuxièmes étages de détendeurs car ils étaient remplis de boue….Tien s’est bizarre à Cul Froid… Juillet : 17 juillet 2000, 9h30 du matin, un parigo à la noix s’équipe au bord de la mondialement connu vasque de Cul Froid... Jour pour jour, heure pour heure, voici un an déjà que notre équipe de branquignoles spéléo tortille du Cul…afin d’explorer cette mythique exurgence… Cette plongée anniversaire, solitaire, (les potes bronzent recto verso leurs chairs blanches sur les plages..) aura tout de même permis de ramener 30 mètres de topo : quelle performance…. ! « Y a pas à dire, les jeunes, c’est plus ce que c’était… » Néanmoins et nous nous contentons de peu, c’est toujours ça de pris et qui ne sera plus à faire…. Pour justifier, excuser, notre piètre performance, nous avançons ceci : La visibilité plus que médiocre (des tonnes d’argile au retour), à tel point que par moment, on ne peut même plus voir le bout de notre crayon, la morphologie compliquée du réseau, les étroitures, les problèmes d’oreille….. Ou plus objectivement peut être, notre nullité et inefficacité tout aussi légendaire… C’est pas demain que les pigeons viendront chier sur les statues dressées à notre gloire….et c’est tant mieux car j’aime pas les pigeons… Si non, ou c’est y qu’on en est dans ce trou de chiotte universel… ? 308 mètres ! Quoi ! Seulement 308 mètres en un an ! Pfffff, quelle misère ! Ca, c’est ce que je me dis les matins gris tout va mal, ciel plombé, froid, pluie, les gosses qui pleurent, le chien qui bave sur le falsard tout propre, le bol de thé qui tombe par terre, le gamin qui rempli sa couche juste avant le départ, les portes du train qui se ferment sous ton nez….. Mais en réfléchissant un shouilla, on peut voir les choses autrement (les matins ou tu échappes à la couche pleine de crotte…) : 308 mètres, c’est pas si mal..(autosatisfaction avancée…) On s’est mis sérieusement à la topo (il était temps..) Le fil est pas trop mal posé (j’espère…) On s’est mis au Nitrox (not certified…) L’équipe s’élargit, chacun avance à son rythme, enrichit ses techniques (surtout de piqué de tête dans la vase..) On se marre bien, à chaque fois, ils reviennent (en plus ils sont maso…) On commence même à sortir des images ( 10 secondes pour 3 heures de tournage…) Enfin si on mange tout d’un coup, qu’ est ce que l’on va faire après ? On va s’emmerder pour un retrouver un aussi chouette…. De toute façon, on n’est pas payé au mètre,même pas payés du tout… Que dire d’autre ? Observation du milieu, faune, hydrologie et patati et patata.. Approfondissement des connaissances en chévrologie… Etude comparative, selon les différentes origines… Et puis la fameuse plongée épique dans la non moins célèbre grotte de la Poirelle… Les photos le prouvent ! Nous ne sommes plus que les pauvres petits plongeurs de plages, scubabas en mal d’aventures… Quoique, peut on à jamais se défaire de ses origines douteuses ? Résultat de cette descente boueuse : 20 centimètres de première…. ! ! ! ! ! !De mieux en mieux.. Mais nous allons y retourner ! Pour deux raisons : Refaire des images (en plus ils se filment….) Doubler le terminus et le pousser à 40 cm, au moins. ! L’avantage de ce genre de plongée, c’est que l’on peut y aller sans loupiotes. Visibilité nulle. Boue liquide. Essayez de plonger dans un bol de chocolat…. En tous les cas, nous on s’en fiche des kilomètres de première, en bikini avec 3 biberons de 0.6 litres. On se marre à se faire péter les zygomatiques, le reste après tout….. Pour nos évolutions gastérodiennes, nous perdons beaucoup de temps car nous ne parvenons pas encore à tirer du fil, amarrer, observer et topoter en même temps….(« je ne suis pas un héros… ») Et au retour, c’est pas qu’on veut pas, mais va topoter dans du chocolat liquide…. Alors pour une plongée dite de pointe, il en faut 3 ou 4 pour ressortir la distance en topo…Ca permet de s’acclimater à la galerie… Pour la description de la galerie, ça monte, ça descend, ça se rétrécie, ça s’élargie et ça tournicote pas mal…Voir la topo… C’est toujours aussi crade au retour, le juste quotidien de Cul Froid… En un an, le matos a vieilli de dix (pas les plongeurs, à première vue…) Voilà, Cul Froid ça continue et c’est tant mieux…. Et puis quand ça s’arrêtera, nous avons déjà repéré d’autres tas de boue dans l’Indre…. Vive les sytcom sur la vie des bêtes.
Les explorations 2001.
Janvier : La plongée de janvier nous a emmenés vers un nouveau point bas à –49 mètres. Une descente quasi verticale à partir de 320 mètres de l’entrée emmène à un passage étroit (encore un !). La descente continue sur une belle pente d’argile. Et là, la tête un peu dans les étoiles, grisé par l’azote et par la fièvre de cette découverte, après 350 m de ballade, nous accrochons le fil. La galerie pas très haute ressemble à une conduite forcée, à cet endroit. Conduite dont plus de la moitié du volume est rempli par de l’argile, bien évidemment. Dans un sens c’est assez moelleux et confortable pour se poser…. Enfin, quelle surprise à la sortie d’une faille très étroite, 80 centimètres de se retrouver dans un volume vertical si important et de dégringoler à cette profondeur déraisonnable. Comme d’habitude, demi-tour sur autonomie et dans la touille totale (à –49 m, c’est coton…) Donc Cul Froid s’enrichit d’un nouveau trait de caractère, après les : touilleux, merdique, étroit, sinueux, vallonné, chiatique, la voilà profonde… ! Et ben, mon gars, va falloir faire avec ! Fevrier : Nous avons installé une corde dans le puits d’entrée. A nous les bonnes décompressions confortables. Si ça continue, nous allons poser la télé câblée et une cloche de déco, avec chauffage ! Y a pas de raison que nous aussi nous n’ayons pas notre petit confort. Et puis impatient et curieux, nous y sommes retournés. Toujours le fameux syndrome du kavatck qui se dilate et du fille qui frétille ! La glissade recommence, à nouveau le point bas, toujours aussi bas, nous n’avions pas rêvé. Et encore des surprises. Au lieu de continuer comme ça à la même profondeur ou de descendre encore, la galerie remonte à nouveau. Nous avons tiré modestement 30 mètres de nylon et nous nous sommes arrêtés à –40 m sur une montagne d’argile, genre dune du Pila…La dessus pas de surprise, c’est une constante. Et non contente de nous agacer avec ses variations altimètriques, Cul Froid nous réserve à ce point une salle avec de belles proportions. Car à part la dune et le bout de caillou où nous avons accroché le fil, rien n’est visible. La roche semble avoir disparue. Nous apercevons le sommet de la colline, la suite doit se trouver derrière, plus bas certainement. De toute façon maintenant nous nous attendons à tout ! Mars : Nous avons sagement topographié cent mètres de galerie. Quelle conscience…. ! Le profil se précise et pour compliquer les choses, (et peut être les rendre encore plus excitante… ?) au retour de cette zone profonde, nous devons remonter et passer par un point haut à –9 m. Ce qui risque de nous contraindre d’ici peu à effectuer la déco loin de l’entrée (à 280 m) avant de s’enquiller le reste du siphon. A moins de traverser les montagnes d’argile. Au passage, nous en avons profiter pour élargir deux étroitures, un bon moyen pour se réchauffer et pour gagner des secondes ou des minutes précieuses. La complexité (toute relative, on va pas sur la Lune…tout de même.) s’accroît de plongée en plongée. Mais loin de nous décourager, elle attise au contraire notre intérêt et notre envie de déflorer un peu plus cette résurgence atypique. Pour info, la France entière pataugeait dans l’eau et toutes les sources vomissaient des torrents de liquide boueux. Cul Froid, calme et paisible nous accueillait sans difficulté. Le courant un peu plus marqué, tout de même, nous a ralentis dans notre progression mais sans néanmoins nous interdire la plongée. Voilà qui ne va pas nous aider à percer les mystères hydrogéologiques du réseau. Et en plus le problème est au retour de persuader les copains, restés chez eux à regarder dimanche Martin que vous pauvres crétins de parisien, vous êtes tout de même parvenu à tirer du fil à trois heures de chez vous… ! Avril : Topographie. Juillet. Le 14 et 15, préparation de la plongée de pointe, dépose blocs relais et blocs déco. Comme tout le monde, la perspective de tirer du fil me plonge dans la joie et l’excitation d’un gamin à la veille de son anniversaire. Une plongée de préparation (et d’anniversaire, je viens de vous le dire, 2 ans d’exploration à Cul Froid…) le jour des feux d’artifices nationaux me permet de déposer un bloc relais à 150 mètres et un autre à 280 mètres de l’entrée. En ce début de plongée, je décolle avec l’aisance d’une superforteresse chargée jusqu’à la gueule. Un bi 20 litres et deux 12 litres, le tout en latéral, vous imaginez l’hydrodynamisme ! Je retrouve un peu de légèreté après le premier largage, mais l’équilibre est rompu et je bataille dur pour conserver l’assiette. Bon, enfin, je lâche le deuxième colis et il s’écrase dans le coussin d’argile. Une semaine plus tard, le ciel bleu et le soleil embellissent cette journée d’été. Le jour J ! Je prépare toutes mes bouteilles, 2 pour la déco, une pour la sécurité et les 2 vingt litres pour le fond. Six blocs d’un coup ! Si, si, je vous promets, Cul Froid est truffée d’étroitures. Sous le poids anormal de toutes ces bouteilles, le faux plancher, juste à l’entrée se dérobe d’un seul coup ! Trois mètres carrés de cailloux dégringolent d’un étage, un mètre plus bas. Quelle surprise bruyante et troublante ! Le micro cataclysme s’entend de l’extérieur et un nuage monstrueux d’argile s’échappe de l’entrée. Je quitte cet effondrement et je m’enquille le seconde étroiture, avec un soupçon d’inquiétude quant à la solidité de cette grotte. Je dépose un 18 litres d’oxygène et un 6 litres de sécurité à 6 mètres. Quel panard ! Je me jette dans le puits, la visibilité est grandiose, au moins 5 à 6 mètres. Je dépose un 7 litres de Nitrox 50% à 18 mètres pour la déco et en route vers l’inconnue et au-delà. Soucieux de limiter la casse pour les paliers, je tartine afin de rejoindre le terminus au plus vite. Je négocie les virages au frein à main, je dévale les pentes bille en tête et malgré les étroitures je parviens avec 5 minutes d’avance sur la moyenne habituelle ! (Je vous promets j’ai pas pris d’EPO….) Je prends le dernier relais, je m’enquille dans un passage étroit, une faille de 3 à 4 mètres de haut, large d’à peine 80 centimètres. Je frotte, je racle, je me tracte avec les mains, je palme comme une brute, ça y est, je suis passé ! En dessous, le vide noir, gris anthracite, à peine perceptible dans le halo laiteux des phares. C’est parti. Je me laisse tomber vers le point bas. Je touche la pente composée d’un mélange de sable et d’argile. Je glisse au-dessus, léger comme un 747 au décollage. J’abandonne le relais à moins 45, avant un abaissement du plafond. Je passe le point bas et j’arrive enfin au terminus, j’accroche mon fil et allez on y va… ! Bien évidemment, malgré une « flottabilité parfaite », je baigne dans un nuage de brouillard jaunâtre. Je glisse en lévitation sur une dune d’argile repérée la dernière fois, persuadé de trouver la suite derrière. Erreur, la paroi s’élève verticale, à perte de vue… ! Je vais vers la droite et je retrouve le courant. Une voûte s’ouvre au-dessus du sol, là sur la droite. Je m’enfonce dans la galerie et 20 mètres plus loin, je débouche à nouveau dans une grande salle. Et là, je perds à nouveau le courant. Forcément, j’effectue un tour en bas, au niveau de l’éternel matelas voluptueux. A priori rien ! ? Bon, je grimpe…. ! Je quitte mon amarrage à moins 40 et je remonte lentement le long de la paroi. Moins 35, rien, moins 30, rien, moins 28, rien ! Ou du moins, un gros nuage me tombe dessus, lentement mais irrémédiablement. Le plafond ne se trouve certainement pas très loin. J’effectue plusieurs tours dans la salle, 4 x 4 environ. Bon j’ai atteint la profondeur maxi au-dessus de laquelle je ne veux pas aller. J’arrive sur mes cinquième. Je barbotte dans le brouillard, allez je me casse. Je rembobine, l’étiquette 410 mètres rentre dans le bobinot. Je retourne en bas, je coupe le fil et je redescends vers le point bas. Comme d’habitude, mon cocon de coton m’accompagne tout le long du retour. Je traîne les deux relais le plus loin possible. Je récupère les 2 Nitrox et j’abandonne le 12 litres air à 150 mètres. Je taille la route, plein pot. Je me jette la tête la première dans la faille au niveau du toboggan d’argile. Je calcule ma trajectoire au plus large. Car je me vois mal avec mes 4 blocs, la tête en bas et les pieds en l’air. J’imagine déjà la suée et la grosse colère pour sortir d’un traquenard pareil. Enfin, je passe le point à moins 36. A partir de là, c’est fini. Temps aller et retour, 70 minutes. J’entame la déco. Je remonte doucement. Arrêt à 21 mètres, à 18, à 15, à 12, à 9 et à 6. Et là pendant presque une heure, je médite sur ma pointe de radin. Trente mètres de découverts… !Quelle misère ! Tu parles d’un pointeur ! Pacotille ! 70 minutes pour parcourir 800 mètres, 10 mètres minute, tu parles d’une moyenne ! Bon si je veux me trouver des circonstances atténuantes, je peux toujours mettre en avant les étroitures, les nombreux passages qui raclent, les Yo-Yo, etc… Mais bon quand même. J’oscille comme ça entre la joie d’avoir découvert 30 mètres de plus, deux salles magnifiques, encore une parcelle de terra incognita ! Mais en même temps, la déception de ne pas avoir trouvé la suite, de voir encore une fois la galerie nous prendre pour des wagonnets de montagnes russes, m’exaspèrent. Bon, après trois heures dix de plongée dont 100 de paliers, je ressors en pleine forme. Je marche… Vu le profil spécial petite bulle coinceuse, je blinde la déco. Plutôt trois fois plus ! J’exagère ! Oui, oui, mais je préfère me les peler un peu plus longtemps et reculer l’éventualité d’une visite au caisson. Il est 5 heures du soir, le soleil s’éclate encore dans le ciel bleu. L’Anglin coule peinard. Les petits oiseaux gazouillent, je repense à tout là bas et déjà je regarde la prochaine plongée où je retournerais au fond pour voir encore un peu plus loin comment ce sera. Voilà une belle ballade souterraine et une belle journée d’été. Le lendemain, je replonge peinard pour vider la source des 2 dernières bouteilles. J’emmène un Nikonos et je grille une pellicule. Je ne me fais pas des illusions sur les résultats, mais bon, il faut bien essayer. J’expérimente les joies du fil, de la touille, de le flottabilité, du courant, du flash, de l’appareil….. Avec ça, si je parviens à sortir 2 ou 3 clichés potables, je serais heureux. Bon, bien maintenant, il ne nous reste plus qu’à méditer sur la prochaine pointe. Comment améliorer les gaz, optimiser la déco, etc… Et puis la prochaine fois, je me fendrais peut être d’un peu plus de distance… Septembre : Prises de vue vidéo et photographiques. Exercice de secours à la grotte de la Poirelle. Plongée dans le puits gluant de la grotte de la Poirelle.
Les explorations 2002.
Mai, week-end de l’Ascension. Mercredi et jeudi, nous avons déposé les blocs de déco, de sécurité et les relais pour la plongée d'exploration". Vendredi, POINTE..... ! Résultat des courses : 100 mètres de plus dans les sous-sols berrichons. Ancien Terminus à 400 mètres, Profondeur 39 mètres. Nouveau à 490 mètres, Profondeur 48 mètres. (10 mètres de plus ont été tiré, mais sans trouver de suite évidente, alors 1/2 tour et renbobinage...) Profondeur moyenne d'évolution dans cette zone, 38 mètres. Samedi, finir de vider la source de toutes nos bouteilles. Dimanche, ballade et tentatives de prises de vues vidéo...!? Résumé (rapide) de l'exploration: Nous nous étions arrêté en bas d'une montagne d'argile, dans une salle assez grande. La suite se trouve derrière cette dune, en bas de la pente, un rétrécissement conduit à une seconde salle, encore plus grande. A nouveau une dune se dresse devant nous. Progression dans le vide, rien à droite, rien au-dessus, rien en dessous à part l'argile au loin.(dimensions de la salle 20 m de haut au moins, 15 m de large, 30 m de long...) La paroi est retrouvée à gauche elle descend progressivement. Arrêt sur autonomie à - 48, avec vue à - 50. Le passage devrait peut être se trouver entre la paroi rocheuse et le bas de la dune... Plus on s'enfonce dans les galeries, plus c'est grand et plus c'est beau. Une farouche envie d'y revenir... Les particularités et difficultés majeures sont : La lenteur de progression, liée aux nombreux passages étroits à franchir. Six étroitures sur 300 mètres…! La vitesse de progression tourne autour des 10 m/minute. Le profil en montagnes russes impose de nombreuses variations de niveaux et de flottabilité. De plus, il pose un gros problème au niveau de la décompression. Le passage d’un premier point bas à – 36 m, d’un point haut à – 9 m et d’un nouveau point bas à – 48 m ne nous offre pas un profil très favorable. Cette remontée à – 9 m va nous contraindre à déposer une ligne de décompression entre le point – 9 m et le – 30 m, soit entre 300 et 360 m de l’entrée. Ceci implique de nombreuses plongées de préparation. Enfin, nous avons lié de très bonnes relations avec les spéléo locaux ( participation à un exercice de secours, échanges d’information, etc…). PROGRAMMATION ET DEROULEMENT PLONGEE POINTE : Atteindre point bas en 40’ maxi. Temps d’exploration 20’ (Aller et retour au point bas.) Retour aux premiers paliers 100’. Temps de paliers 89’ (50’ à 49 mètres) Profondeur et temps équivalents pour déterminer temps de plongée et temps de palier. Une grande partie du retour réalisée au Nitrox tient lieu en partie de décompression. GAZ UTILISES : Progression Nitrox 70 % Relais 1 Nitrox 30% Relais 2 Nitrox 40 % Relais 3 Nitrox 45 % Relais 4 Trimix 21/30 Relais 5 et mélange fond. Décompression : Nitrox 65 % (Passage pénalisant à 250 mètres de la sortie à -10 m) Nitrox 30 % Nitrox 40 % Oxygène 100 % DECOMPRESSION : Logiciel DECOPLANNER. GF lo % : 20. GF Hi % : 60. Deph safety factors. PPO2 : 1.4 %.
Les explorations 2003.
L’année 2003 n’aura pas été une année très fructueuse quant aux résultats dans la résurgence. Après une longue période d’inactivité, je suis retourné pour une plongée de « réadaptation », au mois d’août. Je n’avais pas plongé depuis quatre mois. J’ai repris une partie de l’équipement qui commençait à se déliter. Au cours d’une sortie (fin septembre), nous avons visité les salles terminales à fin de tenter de trouver la suite. Nous nous étions arrêtés dans une troisième salle terminale dans laquelle aucune suite évidente ne se présente. A priori, après une visite aussi minutieuse que possible, dans des nuages d’argile et à une profondeur moyenne de 40 mètres, les deux salles terminales (A et B) ne présentent aucune suite apparente. De plus le courant vient bien de la troisième salle (salle C) ou salle du terminus. Le courant vient de la galerie d’accès à la salle, sans palmer, le plongeur recule face au courant. Donc à première vue la suite doit se trouver par là. Lors d’une plongée (début octobre) je trouve un passage très étroit à – 40 mètres dans la salle terminale. Un léger courant laisse entrevoir une éventuelle suite. Le courant n’est pas proportionnel au débit de la résurgence. Ce n’est certainement pas le conduit principal, mais faute de mieux, cela semble néanmoins être une suite. La dernière sortie de la saison (novembre) est donc consacrée au passage de l’étroiture terminale. J’explore la salle jusqu’en « haut », c’est à dire que je remonte à – 19 mètres, le fond est à – 40… ! Je butte sur un plafond, sans suite apparente. Je redescends et je passe l’étroiture en force. Par chance, le sol est tapissé d’argile, je ressors de l’autre côté. Je tire du fil, je remonte à nouveau sur une dune d’argile. À ma droite, une paroi et à ma gauche, le vide. Je tire 50 mètres de fil et oh surprise, je tombe sur un beau fil, métré, avec une belle étiquette 410 mètres. Je viens de boucler un tour et je retrouve dans la salle A. Je suis stupéfait, car je m’attendais à tout sauf à ça… ! Donc en conclusion, la suite doit toujours se trouver dans la salle C. Il existe un passage entre les salles A et C. Le débit de la dernière salle, aspire une partie de l’eau de la salle A, ce qui m’a induit en erreur. Les dimensions (21 mètres de haut, autant de large et de long), l’absence de courant marqué à cause du volume et le manque de visibilité complique les recherches. Mais il y a une suite et peu importe le temps que cela prendra, mais nous finirons bien par la trouver. J’ai revu modifié et sans doute amélioré la décompression des plongées à Cul Froid. Amélioré sans doute, car je suis ressorti en pleine forme, sans aucun signe alarmant. L’amélioration de mon harnais, une organisation différente (moins de gaz différents) m’ont fait gagné presque 10 minutes de progression aller. Pour le même temps de plongée que l’année dernière, soit 100 minutes, retour au dernier point bas et remontée finale, je suis passé de 89 minutes de paliers à 55 minutes. La générosité des années passées m’a permis de tester ma patience mais tout compte fait, je préfère passer le temps économisé en surface avec les copains. L’exploration de la résurgence piétine depuis un an. La motivation de l’équipe a un peu baissé quant à l’engagement pour cette source. Les conditions de plongée ne favorisent pas, il est certain, « l’épanouissement » du plongeur. De plus l’incapacité que j’ai montrée à trouver la suite et le manque de résultat n’attise pas les vocations. Mais, la suite existe, il suffit de la trouver. Donc dans cette attente, nous allons continuer à explorer avec plus de méthode peut être les salles terminales et nous finirons bien, tôt ou tard par trouver la galerie par laquelle l’eau arrive. Gaz utilisés : Progression Nitrox 30 % Relais 1 Nitrox 40 % Relais 2 Trimix 21/30 Relais 3 et mélange fond. Décompression : Nitrox 40 % Oxygène 100 % Logiciel DECOPLANNER. GF lo % : 20. GF Hi % : 60. Deph safety factors. PPO2 : 1.4 %.
Les explorations 2004.
Avril : J’étais parti pour effectuer une plongée au fond de la résurgence. Le vendredi soir, je parvenais à poser les blocs relais et la ligne de décompression. Le lendemain, je m’équipais seul et en forçant pour fermer ma combinaison, ma fermeture éclaire a cassé. N’ayant pas de combinaison de rechange, j’ai replongé pour sortir le matériel déposé la veille et je suis ressorti avec 15 centimètres d’eau dans chaque bottillon, trempé des pieds à la tête, en craignant à chaque instant que la fermeture ne lâche brutalement. Pas d’exploration pour cette fois ci. Novembre : Les objectifs des plongées réalisées cette année étaient de : Vérifier l’équipement du fil qui est usé à certains endroits. Nettoyer le puits du vieux fil et de laisser uniquement la corde. Équiper les 40 premiers mètres avec une corde. Dresser la topographie de certaines zones (cloches, parties hautes des salles, salles terminales) Nettoyer à nouveau la vasque car l’entrée a tendance à se refermer. Éventuellement, si la chance nous sourit, trouver la suite du siphon. Ces plongées ont pour but de préparer les deux camps qui auront lieu en 2005 et de nous faire gagner du temps pour les prochaines plongées. Nous avions prévu deux plongées au fond du siphon, nous en avons réalisé une seule. Elle nous a permis, comme prévu de dresser la topographie des salles terminales. Nous pensions en avoir découvert trois, elles sont quatre. D’autre part, la recherche méthodique alliée à une visibilité exceptionnelle nous a permis de trouver la suite du réseau. À - 55 mètres, la salle s’ouvre et une petite galerie emmène à un volume à nouveau plus large. Pour des raisons d’autonomie, nous n’avons pas pu nous engager plus loin dans la suite. Mais l’actif est là, le courant est significatif et de la même ampleur que dans les autres passages. La seconde « pointe » n’a pu avoir lieu, faute de gaz et surtout de bouteilles pour les mettre. En effet, le président du Comité IDF FFESSM a interdit tout mouvement de matériel suite au vol de bouteilles par l’un des membres de la commission IDF de Plongée souterraine. Nous comptions emprunter une partie du matériel disponible, mais il n’en a pas été ainsi. Nous attendrons six mois pour poursuivre nos investigations. Une galerie annexe a pu être exploré, elle fonctionne en perte et elle s’achève après 20 mètres dans une petite salle de 2 mètres de haut. L’eau passe par une faille impénétrable dans le sol. Les autres objectifs ont été atteints, équipement des 40 premiers mètres en corde, nettoyage de l’entrée, nettoyage du fil dans le puits. Plus qu’une topo précise, nous avons ramené un dessin précis des 100 derniers mètres du siphon et nous avons ouvert la porte des explorations pour 2005. Décembre : En prévision de l'année 2005, nous sommes retournés à Cul Froid, afin de préparer les deux camps prévus pour continuer l'exploration de la résurgence. Car depuis deux ans, nos résultats ressemblent plus à une partie de pêche avec un fer à souder qu'à autre chose. Je souhaitais effectuer des relevés topographiques des salles terminales, dans lesquelles j'étais incapable de trouver la suite du réseau. Ceci dans l'espoir de mieux appréhender la logique des volumes et de peut être ainsi découvrir l'axe de recherche. Malgré les sarcasmes de mes petits camarades sur mes fichus relevés topo, je prépare mon cartable comme un bon élève. Une fois n'est pas coutume ! C'est donc avec mon ardoise et mon crayon que j'ai arpenté les 100 derniers mètres connus. Mon compas sphérique en main, j'ai noté scrupuleusement les axes. Le décamètre en bandoulière, j'ai relevé les mensurations imposantes de la dame. Y a pas à dire, au fond, elle est balaise la gueuse ! Pour mémoire, il faut passer par deux trous de souris pour rentrer dans la résurgence. Alors les salles du fond n'ont rien à voir avec la démesure de Vouliamini mais pour nous c'est beaucoup. Quinze mètres de large, vingt cinq à trente mètres de long et pour la plus haute, quarante neuf mètres de haut ! Comme nous n'étions pas venus depuis des mois, c'est avec un réel plaisir que nous avons replongé la source. Une joie disparue lors de nos dernières plongées. La lassitude de l'échec ayant émoussé notre entrain légendaire. Comment aurais je pu trouver la suite, alors que bien souvent, je me demandais ce que je fichais au fond de cette maudite résurgence…? Mais, heureux comme une écrevisse dans son bain, elles sont de plus en plus nombreuses dans la résurgence, je planais au-dessus des dunes gigantesques. Certaines font presque vingt mètres de haut ! Ca fait beaucoup d'argile tout de même, très fine et très volatile…! Je les effleurais à peine, veillant à ne pas souiller l'eau presque limpide de la résurgence. Je crois ne jamais l'avoir vu aussi claire. Je barbotais en plein bonheur. Je passais de salle en salle, par de petits conduits intimes. Une grande salle, un petit boyau et à nouveau une grande salle, quatre fois de suite. Avec la "topo", je me suis rendu compte qu'une salle en faisait deux. Les mauvaises langues diront qu'il faudrait acheter un masque correcteur ou lever un peu moins le coude sur le beaujolpif… Me voici à nouveau dans la dernière salle, le courant vient bien d'ici. Donc, la suite doit être là. A moi de jouer. Je regarde partout, heureusement j'ai une ampoule de 50 w dans mon phare. Malgré cela, je ne vois pas les parois de l'autre côté de la salle. Je survole la dune, le ruban jaune du décamètre flotte et je m'enquille dans une grande faille. La touille me dégringole dessus, pas de jus, un cul de sac à Cul froid ! Demi-tour en vitesse. Je rembobine le décamètre. Je continue un peu plus loin, presque au terminus. Je passe la tête au-dessus du sommet et je regarde en bas. J'avance doucement et j'aperçois la roche, un autre cul de sac où je me suis déjà fourvoyé l'année dernière. Je ne me ferais pas avoir cette fois ci. Je continue vers la droite et je discerne une tache sombre sur la roche claire. Je n'ose pas y croire, le palpitant s'accélère un peu, une petite bouffée de chaleur. J'en ai besoin, car avec l'hélium, j'ai l'impression d'avoir laissé la porte ouverte un jour de blizzard. Je descends lentement le long de la pente, le trou grossit, les particules virevoltent devant. Je me pose à genoux sur le sol, la roche est juste au-dessus de ma tête. J'y suis, ça y est, je la tiens ma suite. Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Quel pied ! J'avance un peu dans l'ouverture, encore de l'argile derrière, ça semble remonter. Une fois de plus. Je suis plus profond, je n'ai pas regardé l'ordinateur, mais je le sens, le gaz est plus épais, ce n'est pas pareil. Je jette un œil et je vois 55 mètres. Purée, ça descend encore ! Sacré trou de chiotte. Je jette un œil aux manomètres, quand même ! Aille, aille, aille, c'est cuit. J'ai dépassé la zone rouge. Je bloque le décamètre, je le fixe sur un becquet et j'hésite quand même à sortir le dévidoir. Mais non tant pis, il est grand temps de rentrer. En plus c'est un coup à rater le rendez vous des paliers. Demi-tour et retour plein gaz vers la sortie. Comme toujours, le brouillard s'est levé derrière moi. Retour en aveugle, mais pas tant que ça, j'ai vraiment du faire très attention. Je rentre à fond, pour gagner du temps et pour rester moins longtemps aux paliers. J'y arrive avec dix minutes d'avance ! Je m'installe bien comme il faut et je gribouille ma plaquette pour annoncer aux copains la bonne nouvelle. Hervé arrivera en premier. Ensuite j'aurais la visite de Michel. Quand il a lu la nouvelle, il a fait trois fois le tour du puits en dansant la gigue. Pour dire qu'il était tout contant. Il en profitera pour aller explorer la galerie "avalante" dans laquelle personne ne s'est jamais aventurée. Quelques mètres de premières de plus à ajouter à cette journée prolifique. Cette petite perte conduit quinze mètres plus loin dans une petite salle aveugle. L'eau s'échappe par une faille impénétrable dans le sol, pour l'instant. Car avec un peu de désobstruction, ça devrait passer. Je ressors après 3h40 de plongée, soulagé et heureux d'avoir trouvé la suite. Pour conclure, ces cinq jours de plongées ont été fructueux pour tous. La suite a été découverte,une galerie annexe a été exploré, la topo a été complétée. Chacun est allé un peu plus loin que la dernière fois, deux "nouveaux" ont découvert la cavité. Nous avons équipé toute la première partie du siphon avec une corde, des prélèvements de fossiles ont été réalisé pour étude. Que du bonheur…!
Les explorations 2005.
Mai : « Un petit pas pour la spéléo, un grand pas pour Bulles Maniacs… ! » Après deux années d’échecs, nous avions enfin trouvé la suite du réseau à la fin de l’année dernière. Les beaux jours revenants, l’équipe Bulles Maniacs s’est retrouvée pendant 4 jours sur les rives de l’Anglin afin de prolonger l’exploration de la résurgence. Tout le monde connaît le rituel préparatoire à chaque grosse plongée. Les deux semaines précédentes le camp sont consacrées à fabriquer les mélanges, gonfler les bouteilles, réparer les nombreuses bricoles défectueuses. Une fois les préparatifs achevés, nous prenons enfin la route pour notre petite aventure. Cette fois nous étions 5 à nous retrouver pour partager ce plaisir intense de partager une passion commune et aussi pour organiser la plongée de pointe. Nous avons pu ainsi nous répartir les tâches de manière équitable et ainsi ne pas nous charger comme des mules pour déposer tous les blocs. Finies, les cadences infernales, comme c’était le cas, pendant quelques temps. Souvent nous partions ou nous ressortions avec 4 ou 5 blocs, cette fois ci, une petite bouteille par-ci, une autre par-là et le tour était joué. Le jeudi et le vendredi sont consacrés à la pose des bouteilles relais, de déco et de sécurité. Sébastien, Yves, Michel, Gerry et moi, déposons deux blocs de Nitrox à – 36 mètres à 90 mètres de l’entrée, deux autres Nitrox sur la corde à – 17 m. Enfin, deux blocs d’oxygène ont été placés, comme d’habitude à – 6 m, en haut du puits. Ajoutés à cela, quelques gueuses et des batteries pour le chauffage et l’affaire était bouclée. Même pour des décompressions pas trop longues, j’ai du mal à me priver du plaisir et du confort génial du chauffage aux paliers. Y a pas à dire, on s’attache vite à son petit confort. Enfin, Gery et moi emmenons 1 relais chacun de Trimix à 300 mètres de l’entrée, dans la zone des vingt mètres, juste avant la dégringolade dans la zone terminale. Comme il est possible de voir sur le profil de plongée, au retour de la zone profonde, le plongeur doit passer par un point haut à – 9 mètres. Ce qui en théorie obligerait à réaliser une décompression à plus de 300 mètres de l’entrée. Nous avons décidé de couper la poire en deux, c’est à dire de réaliser une partie des paliers profonds lors de la remontée, de passer ensuite le point haut et de terminer la décompression lors du retour et ensuite dans les derniers mètres avant la sortie. Une grande partie du retour est effectuée sur un Nitrox 40, dans la zone des 20 mètres, ce qui tient en partie pour une décompression. Bon au-delà de ces considérations décompressives, le « Jour » tant attendu est arrivé ! Je pars avec mon premier relais et mon bi 20 fixé en latéral. La visibilité est moins bonne que d’habitude, l’eau est laiteuse, alors qu’à l’aller, en général, c’est quand même correct. Mais bon, ce n’est pas ces quelques particules qui vont gâcher la fête. Comme à chaque fois, je négocie le passage du premier point bas à – 36 mètres en douceur. D’une certaine manière, la plongée se joue ici car si je force à cet endroit où le courrant est marqué, je le paie pour le reste de la plongée. Mais tout va bien. J’arrive avec 5 minutes d’avance sur mes prévisions à 300 mètres de l’entrée. Soit 30 minutes depuis mon départ, du fait des étroitures et des sections parfois intimes de la galerie, la progression n’est pas très rapide. Je dépose ma 20 litres de Nitrox et je charge ma 20 et ma 12 litres de Trimix. Et ensuite je me jette dans le « vide », je glisse vers la partie profonde. Je descends doucement, comme par peur de tomber peut être. Je connais moins bien cette partie du siphon, pour l’avoir moins fréquentée, éloignement oblige. Comme à chaque fois je veille à effleurer les dunes d’argile pour ne pas anéantir la visibilité. Les habitants du lieu détallent sur l’argile et ils laissent derrière eux une petite traînée de poussière. Mettez-vous à leur place ! Dans l’obscurité totale, il discerne une faible lueur au loin, elle devient de plus en plus forte pour devenir aveuglante et par leur passer dessus. Puis aussi lentement, la lumière diminue et disparaît. Il me reste un peu plus de 200 mètres à parcourir, je serais au terminus dans un peu moins de 20 minutes. Je passe le point à - 49 m et ensuite la progression s’effectue dans la zone des – 40 mètres. Comme à chaque fois j’essaie de soulever le moins d’argile possible. Je dépose mon relais 12 litres et je passe sur le relais de 20 litres. Je rentre dans la dernière salle, je me rapproche du bonheur. Je retrouve le décamètre d’Hervé qui m’avait permis de faire la topo et de trouver la suite. Je prends mon temps pour effectuer un joli petit nœud avec le fil en place. Je me suis fait avoir une fois et je n’ai pas envie, surtout ici, de voir mon fil flotter dans la touille. J’arrive enfin au terminus, j’amarre le fil solidement, je me glisse dans le rétrécissement, le courant me pousse, comme s’il refusait de ma laisser passer. Mais l’envie est trop forte et six mois d’attente, plusieurs années d’espoir se réalisent maintenant. C’est parti, l’exploration continue. Je suis calme comme un moine bouddhiste. Je plonge pour le plaisir, pour la balade, même si je ne rêve que de m’aventurer dans les ramifications vierges de la terre. Ce n’est pas toujours le cas et pour Sous Balme, par exemple, l’anxiété était nettement plus perceptible. Je déroule le fil, je m’engage dans le passage, je franchis la porte dérobée d’un nouveau monde. Je jubile de voir cette galerie se prolonger. J’amarre mon fils soigneusement, pas question d’ajouter des difficultés. La roche est sombre, ocre par endroit et noire la plus part du temps. Le sol, couvert d’argile est claire et sa douceur contraste avec la dureté de la pierre. La galerie est large, presque trois mètres et une fois de plus l’argile joue les troubles fêtes. Une dune obstrue partiellement le passage, mais je le vois immédiatement, je passerais entre le plafond et le sommet du monticule. Quarante centimètres, c’est bien assez pour passer, d’autant plus que je viens de déposer mon relais 20 litres et que je n’ai plus que mes deux 20 litres en latéral. Je n’ai même pas besoin de regarder mon ordinateur pour sentir la profondeur. Elle s’accroît à chaque coup de palme. Je ne vais parcourir que 60 mètres de galeries vierges, mais quel bonheur, quel plaisir de continuer à avancer dans cette résurgence. A chaque moment j’explose de joie, je suis comme un gamin à qui l’on vient d’offrir un jouet rêvé. Le plafond ressemble à une voûte et le sol est toujours recouvert d’un tapis d’argile. Je parviens à une sorte de balcon, la pierre comme le sol se dérobent, l’un remonte et l’autre descend. Je rentre dans une nouvelle salle noyée. Je fixe le fil à l’une des nombreuses excroissances rocheuses qui bordent l’arrête de la voûte. Je m’avance en pleine eau, droit devant, à la recherche de la galerie. Le sol se dérobe et le plafond disparaît. J’adore ces salles noyées mais en même temps je les crains, car bien souvent, elles offrent de nombreux pièges et autres culs de sacs où je ne manque pas de me fourvoyer. La profondeur ne cesse d’augmenter et je tourne en vain le long des parois à la recherche de l’arrivée d’eau. Je retrouve le « mur » opposé de la galerie par laquelle je suis entré dans cette salle, je me laisse glisser vers le bas, j’aperçois le sol, en pente et la tache sombre du chemin à suivre. La chance me sourit et aujourd’hui est bien le Jour. Je ne pense à rien, ni aux miens, ni aux copains laissés sur le bord de la vasque et qui ne vont pas tarder à se préparer pour venir à ma rencontre. Très égoïstement, je profite de ce privilège extraordinaire d’être le seul et le premier à jouir de ce lieu connu de moi seul. Je descends encore un peu et je me laisse aller dans la galerie. Je sens le courant, pas très violent, mais présent quand même. De la main, je soulève un peu d’argile et le nuage est repoussé par sa force invisible, il passe sous moi. Cette fois ci je regarde le profondimiètre, plus de 68 mètres de profondeur. Je regarde les manos, ça y est j’arrive dans le rouge, déjà… ! Et dire qu’hier, au moment de recopier les tables, je me disais qu’avec une table à – 70, j’étais quand même sacrément optimiste. Pour un peu je regrette presque de ne pas en avoir prévue une pour – 80 ! J’accroche le fil, une dernière fois et je le coupe. Je regarde cette pente qui tombe vers le trou noir et qui ne demande qu’une chose, que je m’y engouffre. Mais malheureusement ce ne sera pas pour aujourd’hui. Bien évidemment, les minutes passées à accrocher et à couper le fil m’ont permis de réduire la visibilité d’une manière conséquente. Il faudrait voir à ne pas changer les bonne vieilles habitudes et à rentrer dans la touille, comme il se doit. Je sors la plaquette topo et je relève les points de distance, d’axe et de profondeur. Pour le reste, je ne vois plus rien, alors ce sera pour la prochaine fois, à l’aller… Je suis fou de joie et cette plongée me comble au-delà de mes espérances. Bien évidemment, j’aurais aimé vider le bobinot, mais la qualité ne vient pas forcément de la quantité. Peu importe les records, de temps, de distance, de profondeurs, je suis là et c’est le pied le plus absolu. Je récupère mon relais et j’arrange encore un peu mon cas avec la visibilité. J’apprécie mon harnais qui me « va comme un gant » et qui me permet de gérer chaque manipulation de bloc sans la moindre contrainte. Quel progrès par rapport aux premiers modèles ou parfois, je m’en souviens, je pouvais perdre 5 minutes pour fixer ou pour décrocher un mousqueton capricieux et récalcitrant. J’arrive sur le décamètre laissé là il y a 6 mois. Le mousqueton est soudé, il est impossible de l’ouvrir, heureusement qu’il tenait par une chambre à air. Je remonte dans la grande salle, celle de l’ancien terminus. Ici la touille s’est dissipée et je retrouve une visibilité correcte. Je range soigneusement mes petites affaires et je rentre « à la maison ». Novembre : Cul froid l’aventure est elle finie ? Nous avons beau nous dire que tout a une fin mais il est difficile de s’en persuader. La raison ne lutte pas à armes égale face à la passion et aux sentiments. Et pourtant, après six années à nous acharner sur cette résurgence de moins en moins modeste, nous semblons toucher à la fin, non pas de la résurgence mais sans doute des explorations. Non pas que nous soyons limités dans nos moyens, car l’acquisition imminente de recycleurs devait nous permettre de rester dans la « course » et de prolonger le travail commencé en 1999. Mais les techniques, la passion, l’expérience, le courage ou l’inconscience ne peuvent pas faire grand chose face aux aléas géologiques. Et là il semblerait que dans l’état actuel des choses, la nature ait une fois de plus raflé la mise. Pour notre dernière exploration de l’année, les plongeurs de Bulles Maniacs se sont retrouvés aux bords de la vasque de Cul Froid pour se faire plaisir et pour permettre de continuer la découverte de la résurgence. Le rituel immuable des explorations n’a pas été bafoué et nous avons respecté les usages en la matière. Les deux premiers jours permettent de déposer les traditionnelles bouteilles relais, de décompression et de sécurité. D’autre part, ces deux plongées préliminaires permettent de se remettre dans le bain et de reprendre ses marques non seulement avec la résurgence mais aussi avec son matériel. Pour ma part cela m’a permis de ma familiariser avec l’usage du VR3, prêté par Hervé qui sera un précieux allié dans la décompression de la plongée de pointe. Mes rêves sur la suite de cette source n’en finissent pas de me hanter et aussi bien la distance que la profondeur ne m’apparaissent plus comme un obstacle, ni comme une contrainte, mais comme un vrai bonheur. Car jamais depuis mes premières plongées ici, je n’ai autant évolué avec autant de plaisir et autant d’aisance dans cette fichue source. Elle ne m’impressionne plus du moins elle ne m’intimide plus. Ce n’est pas pour autant que je laisse diminuer ma vigilance, non, mais j’ai complètement assimilé, digéré les difficultés et les contraintes de cette source. La partie profonde qui me semblait si lointaine et si inhospitalière m’est devenu familière et c’est avec plaisir que je survole les dunes d’argile, véritable désert souterrain noyé. Je comptais bien avec cette dernière exploration de l’année en mettre un coup et pousser la balade loin, le plus loin possible. Le dévidoir était bien garni, les quatre bouteilles de vingt litres étaient gonflées avec des Trimix ambitieux, car j’envisageais de suivre la galerie jusqu’à moins 90 mètres de profondeur. J’avais prévu de rester longtemps au fond et de rester tout aussi longtemps aux paliers. Mais rien ne s’est déroulé comme prévu. Donc pour en revenir à nos plongées, le jeudi nous déposons les premières bouteilles, sur le principe d’installer les plus proche en premier et les plus lointaines au fur et à mesure des plongées. Yves, Sébastien et moi-même déposons l’oxygène à six mètres, puis des Nitrox 40 et 60 % pour la décompression et pour les bouteilles de sécurité. Géry dépose un relais 18 litres (dit la gueuse… !) de Nitrox 40% à 120 mètres de l’entrée. Le vendredi Yves et Sébastien posent les derniers blocs de déco. Géry dépose un relais 20 litres de Trimix à 300 mètres de l’entée et j’en dépose un autre à 400 mètres environ, dans la zone « profonde » à 40 mètres après le point à –49. Tout s’annonce pour le mieux et j’ai hâte d’être à demain pour aller à la découverte de la résurgence. Le soir, je vérifie une dernière fois ma décompression sur V Planner et je vérifie la programmation des gaz sur le VR3. Les deux plongées de préparations m’ont permis de retrouver mes marques et de m’habituer à l’usage de cet ordinateur multigaz prêté par Hervé et tant vantés par les copains qui l’utilisent déjà… ! Le samedi je respecte le rituel passage au marché pour acquérir les légendaires fromages de chèvres. Certains joueurs se signent avant d’entrer sur le terrain, d’autres possèdent un grigri ou autre porte bonheur. Chacun son truc… ! J’achète aussi de la lecture pour les paliers que je prévois longs et donc ennuyeux. Je déniche un petit San Antonio chez le libraire du coin. Me voilà prêt à affronter l’épreuve tant attendue ! Je pars le cœur léger et l’esprit guilleret à la recherche de l’inconnu, de la galerie vierge, de ma petite aventure. Je parviens assez vite au premier relais, puis au second. Avec le temps, nous améliorons nos techniques et nos équipements. Ainsi ce chemin parcouru au paravent en plus de 50 minutes, je le fais dorénavant en 35. Tout est réglé comme une horloge suisse et aucun incident ne vient retarder ou contrarier ma progression. J’attrape le relais de Trimix normoxique et je « saute » dans le vide, vers les profondeurs. Le grand voyage commence, pour de bon… ! J’attrape au passage l’autre 20 litres de Trimix, le quatrième relais depuis mon départ. Comme d’habitude j’essai de ne pas soulever trop d’argile et j’avance prudemment. Le premier relais est « brûlé », je l’abandonne, le second se vide rapidement. J’évolue à plus de 50 mètres de profondeur, une broutille pour certains, pas encore une pacotille pour ma part. J’arrive presque au terminus, j’abandonne déjà le dernier relais, j’ai avalé un tiers des gaz. Je continue et j’arrive au départ de l’exploration. Je noue le fil du dévidoir et je descends vers la suite. Je ne me suis pas trompé la dernière fois, l’actif est bien là, le courant chasse l’argile que je soulève. Je m’approche de la galerie, mais diantre, fichtre que c’est étroit. Foi de spécialiste, car à Cul Froid, les étroitures nous en avons à revendre et de toutes sortes. Mais celle là, c’est pas du genre enfant de chœur ou débutant. Non, une belle fente horizontale, un joint de strate, comme diraient les spécialistes. Une fente à peine plus épaisse que le sourire crispé d’une vieille bigote racornie. J’essaie de me glisser à travers ce rictus à plusieurs endroits mais rien n’y fait, le passage est trop juste. Je vois bien la suite, étroite certes mais moins que la fente ! Après c’est jouable, mais avant rien à faire. A me tortiller dans tous les sens pour me glisser à travers les lèvres pincées, je soulève des tonnes d’argile. Je déplace mon obstination de quelques mètres, je retrouve de la visibilité, je recommence. De rage je pousse un gros, très gros rocher. Mais c’est encore trop juste. La roche est dure et elle ne cède pas, terminé les étroitures faciles à élargir. Ici c’est de la roche, de la roche mère, à peine recouverte d’argile. Heureusement que j’avais prévu large au niveau de l’Hélium, j’imaginais peut être descendre jusqu’à – 90 mètres. La galerie m’arrête dans mon élan, elle stoppe ma ferveur, elle me tue, elle me tue la bourrique. Je regarde les instruments, –70 mètres et bientôt vingt minutes de gesticulations, de contorsions, d’efforts, de déménagement, de colère et d’espoirs envolés. Je regarde les manomètres. Et bien oui, ça y est j’y suis ! C’est l’heure du retour, bien sonnée. Plus de répit. J’attache le fil, je le coupe, je jette un dernier regard dans cette fente si prometteuse et dans cet avenir maintenant si incertain. J’en avais rêvé de cette exploration, de ce futur, de cette galerie magnifique. J’en avais rêvé mais pas comme ça, pas coincé par un rétrécissement. Mais je n’ai plus le temps de m’attarder devant cette malencontreuse anecdote, je dois rentrer. Le VR3 me donne des paliers profonds, je respecte les indications, jusqu’à un certain point car à nouveau je dois redescendre et puis remonter. Et là, forcément comme je dois repasser par le point à – 9 m, il m’indique une tripoté de paliers…. ! Mais là pour l’occasion, je ne respecte pas, je les ferais plus loin, car je redescends déjà. Je me dépêche, je suis en retard sur le temps de retour indiqué aux copains. Les paliers commencent, le retour à – 25 m a permis d’en éliminer beaucoup. Tout compte fait ce profil a certains avantages. Géry arrive et il part à la recherche des bouteilles usagées. Sébastien vient ensuite et c’est la séance photo. Pendant une demi-heure le siphon se transforme en studio photo. C’est rigolo et c’est un très bon moyen de faire passer le temps, entre deux chapitres de San Antonio. Enfin Yves viendra me faire un petit coucou et lui aussi faire le ménage des bouteilles vides. J’ai branché le chauffage depuis le début des paliers à 6 mètres et les effets du froid se sont dissipés. Jamais les paliers n’ont été aussi agréables… ! Je ressors après 306 minutes d’immersion, plus de 5 heures passées sous terre et dans l’eau. Une bonne petite plongée quand même. Malgré mes désillusions et la tristesse de butter sur ce qui semblerait être la fin de l’aventure, j’ai quand même fait une belle balade. La galerie est magnifique, grande, immense et aussi si étroite… ! Le lendemain, nous plongeons pour sortir les dernières bouteilles. Je ne vais pas m’avouer vaincu, pas tout de suite. Je reviendrais, pour voir si tout de même il n’y a pas moyen « d’exploser » cette étroiture, à coup de marteau et de burin, s’il le faut. Pour voir si par miracle il n’existe pas un autre passage, ailleurs. Et puis une fois que j’aurais écumé toutes les possibilités, une fois que j’aurais visité du sol au plafond la salles finale, si rien ne permet de passer, je me rendrais à l’évidence de ce rêve terminé. Et j‘irais chercher ailleurs cette galerie vierge, ce Graal que nous cherchons tous avec tant d’ardeur. Alors bien que cette plongée me laisse un goût de trop peu et qu’elle me fasse craindre la fin de l’exploration, je ne parviens pas encore à l’admettre définitivement et je conserve l’ultime espoir d’une dernière chance. Car non, ce n’est pas possible, ça ne peut pas se terminer comme ça… !